< Le Tour de l'Europe en Canyon - Découvrir l'Europe

Découvrir les canyons d'Europe

Tout le monde connaît quelques secteurs clés (la Sierra de Guara, les Alpes maritime, le Tessin...) mais de nombreuses terres sont inconnues.
C'est pourquoi, nous vous proposons régulièrement des articles sur une nouvelle région européenne
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Retour au sommaireLa Suisse Centrale : une autre planète du haut niveau.

Merci à l'European Canyoning Team avec Pascal Van Duin, Evan Jenkins, Emmanuel Bellut, Timo Stammwitz, Laurent Billery, Laurent Felder, Holzi, Patrick Chollot.... Un petit mot particulier pour les photos de Pascal Van Duin, Patrick Chollot et Eric Frézal.

TurniglaEn Suisse, entre Genève et Davos, dans le bouclier calcaire du versant nord des Alpes se cache un des derniers grands secteurs de haut Niveau canyon. Les glaciers des  sommets mythiques comme la Jungfrau, l’Eiger, le Tödi… ont creusé des gorges vertigineuses aux eaux glaciales et furieuses. Depuis peu, un parcours systématique des descentes les plus emblématiques a été réalisé et nous vous invitons à les découvrir.

Dans les alpages, se racontent depuis bien longtemps de vieilles légendes. Les montagnes recéleraient de précieux trésors cachés dans des zones inaccessibles. Certains parchemins révèlent l’existence de gouffres mystérieux ou de fossés si profonds que le diable se cacherait tout au fond. Des hommes tombés dans ces rivières déchaînées on raconté qu’ils seraient ressortis vivants après être passés dans le ventre du dragon. Pendant longtemps le soir, les villageois se sont calfeutrés, terrorisés par les craquements des monstres blancs, les glaciers. Les seigneurs devaient régulièrement exempter d’impôt leurs paysans dont les champs se retrouvaient ainsi envahis par une langue glaciale. Mais une époque arriva, où téméraires, tremblant de peur, des aventuriers décidèrent de vaincre ces sommets. Les mythes ne suffisaient plus à expliquer leurs angoisses et ils voulurent de leurs yeux s’assurer de ce que les cieux leurs cachaient. Les gorges ne les intéressaient pas, seuls comptaient les faces abrupts. Obsédés par ces cimes, nombres y laissèrent leur vie. Ils durent creuser leurs entrailles pour atteindre leur but et ils ouvrirent des lignes magiques. Mais sur ces pics, ils ne trouvèrent que l’inutile, nuls joyaux, nulles richesses. Ils se révélèrent nus en possession d’émotions jamais vécues. Ils s’en contentèrent.


Alors que leshommes s’échinaient à vaincre les sommets, l’eau des torrents continuait à creuser les flancs des montagnes. Leurs sillons dessinaient de profonds couloirs au nom révélateur d’enfer, diable, mauvaise vallée … Les montagnards les avaient oubliées. Ces gorges semblaient sans intérêt, sans enjeu sportif, avec un élément inquiétant, l’eau, estimée comme indomptable.


Mais, de l’autre côté des Pyrénées, en Sierra de Guara, dans un massif jugé sans intérêt pour les amoureux des hauts sommets se développa une nouvelle activité : le canyonisme. Desspéléologues décidèrent d’explorer ces « grottes à ciel ouvert », en utilisant leurs techniques spécifiques de progression avec le problème de l’eau en plus. Rapidement des parcours mythiques comme le Mascun (4/4), les Gorgas Negras (3,8/4) suffirent à faire de l’activité un succès. A partir de ces bases les premières se multiplièrent, en France en particulier, dans les Alpes comme dans les Pyrénées. Malheureusement, cette nouvelle activité se fit vite rattraper par la mode du fun. Quelques canyons lucratifs assurèrent les revenus de nombreux professionnels. L’activité fut remisée au rang d’amusements pour touristes en mal d’émotions à moindre frais.


Pourtant, les grandes et belles premières, sportives, exigeantes et techniques se multipliaient sur tout le continent. Autant, en Grèce avec leChilentobel Gorgopotamos (3,7/4) et George Andreou, dans les Pyrénées avec le gouffre d’Enfer (3,6/4), le Tessin avec Lucca Nizzola, la Lombardie avec Pascal Van Duin et même les Alpes du Sud avec des descentes comme Male Vesse (3,7/4) ou Bussing (3.5/4)… Mais l’histoire du canyon devait revenir aux sources de l’alpinisme, en Suisse. La plupart des massifs européens explorés, il restait une zone vide en-dessous de sommets mythiques : la Suisse Centrale.


Les espoirs étaient d’autant plus forts que grâce à Lucca Nizzola et son site swisscanyon.ch nous connaissions le paradis du granite/gneiss qu’était le Tessin. Les canyonistes aguerris se sont enchantés du blanc strié de la roche. Nombre gardent en souvenir l’émotion ressentie en haut d’une grande cascade au débit sportif dont la vasque géante vert émeraude brille 100 m plus bas. Des canyons comme Lodrino (4/4) ou Pontirone Inférieur (3,6/4) laissent des traces indélébiles dans les esprits. Proche de la quête initiatique, l’impétrant se retrouve dépouillé de tous ses colifichets.


Mais pour le reste du pays, nous n’avions que des informations partielles, fragmentaires ou difficiles d’accès. Mais nous en étions sûrs, plus au centre, dans l’impressionnant bouclier calcaire du versant nord des Alpes Suisses se cachaient des canyons à l’intérêt européen mais d’unniveau sûrement très élevé. Nous entrions dans le domaine du canyon glacière, bien différent de la pratique estivale. Deux critères définissent le canyon glacière. Soit le canyon est alimenté par un glacier et il faut attendre l’automne pour que le niveau d’eau baisse. Soit, la descente est en partie gelée. Dans tous les cas l’eau est très froide, la température tourne entre -4° et 9°, le débit est important, et il faut mixer les techniques de glaces (crampons, piolet, broches…) avec la gestion du débit (Equipement délicat, déviations, rappels guidés, ancres flottantes…). Le matériel change, double néoprène ou vêtement étanche, et tous les gestes deviennent plus complexes.


Pendant 4 ans nous avons parcouru cet espace qui s’étale de Genève à Davos dans les Grisons. Le plus facile fut le Valais méticuleusement exploré par Frédéric Bétrisey, Georgy Perren et leurs amis dans les années 90. De plus, ils avaient fait connaître à tous les résultats de leur travail. Un des plus connus se nomme le Massaschlucht (3,3/4). En dessous du glacier d'Aletsch le plus long d’Europe, se déploie une gorge en partie comblée par des blocs gigantesques. Dans une ambiance granitique, on retrouve l’émotion oppressante des Chaos du Rio Vero (3/4, Sierra de Guara) ou de la Péonera (3,1/4, Sierra de Guara). On se faufile au plus prés de l’eau, par des trous de souris, éclairé par des rayons aux couleurs multiples. Le reste du Valais en suivant le Rhône – Eau Froide (3,2/4), Jolibach (2,8/4), Feschelbach (2,8/4), Tine de Mayen (2,5/4)… - d’un niveau aquatique plus élevé ne déméritent pas, même s’ils n’entrent pas dans le palmarès des grands canyons européens.


Notre curiosité est aiguisée le jour où prés de Schwyz au cœur du pays, nous parcourons Huribach (3,3/4). Habitué au schiste gris du Valais ou au granite du Tessin, on a la surprise de descendre des encaissements étroits d’un calcaire blanc rutilant, aussi beau et bien façonné que celui du Vercors ou des Alpes Maritimes, la calcite en moins. Les cascades s’enchaînent sans discontinuer aux vasques parfois profondes, toujours rondes et belles. Nous enchaînons derrière d’autres descentes encourageantes comme Isenthal (2,9/4), Fallenbach (2,6/4),… Mais le secteur reste encore marginal.


RadeinbachTout change en 2008 au cœur de l’hiver. Sur les forums circulait déjà un défi présenté à l’époque comme insensé : le Trummelbach* (3,8/4) dans l’Oberland Bernois juste à côtéd’Interlaken. Gorges touristiques l’été, bien connues, dont le niveau d’eau estival laisse rêveur avec ses 20 m3/s, elles drainent l’eau des sommets parmi les plus prestigieux d’Europe : l’Eiger, Mönch, la Jungfrau. C’est au mois de février que l’on s’y engage grâce aux informations diffusées par Pascal Van Duin. Il nous apprend qu’il a déjà été ouvert par Andreas Brunner, canyoniste bien connu aux grandes premières impressionnantes. Le jour de notre descente, pendant 5 heures nous nous battons dans la glace pilée qui remplit les vasques. L’avantage du froid, - 4° ce jour là, le niveau d’eau est très bas (20 l/s). Les ¾ des 18 cascades sont dans une obscurité quasi-totale. Nous sommes hypnotisés par le bleu laiteux des piscines géantes. Aucune aspérité ne vient troubler notre rêve. Les cascades généreuses  nous portent d’obstacles en obstacles. Tout est réuni pour nous laisser un souvenir indélébile. Mais la crainte nous accompagne tout le long : le froid, la chute de glaçons, le coincement d’une corde dans une chandelle, l’équipement sommaire à compléter… Le perforateur pèse de plus en plus sur nos épaules dans nos sacs alourdis par la glace. La traversée des vasques est épuisante. Vautrés sur 10 cm de glace pilée qui cède sous nos corps, nous tentons d’avancer au mieux. On termine par un grand souffle de soulagement lorsque enfin, nous réalisons le dernier rappel sans égratignure.


L’été revenu, la saga continue. Le 06 août 2008 quasiment par hasard, avec quelques informations données par Wolgang Streicher, baroudeur retraité allemand, nous nous retrouvons au pont de pierre qui marque le départ de Turnigla** (3,7/4, Grisons) a quelques minutes de Coire (Chur). Depuis le repérage de la veille nos yeux scintillent. Sur 260 m de dénivelés se succèdent les vasques profondes aux couleurs intenses. Dès la deuxième cascade, les sauts s’enchaînent, naturellement, sans retenue. L’euphorie s’empare des esprits. Le cœur bat à son maximum. Les phrases ne sont plus que des logorrhées : magnifique, exceptionnel, incroyable. Le plus dur est de conserver sa concentration. L’encaissement est merveilleusement sculpté dans un schiste grisâtre totalement lisse. Le débit est gérable. Malgré les pièges, les sauts dans les bassins, d’un bleu turquoise unique se multiplient, songe continu sans égal. Est-ce la Maglia (3,9/4, Alpes Maritimes) de la Suisse ? Le soleil se faufile dans l’encaissement laissant scintiller les gouttes cristallines et les formes sensuelles. Les cascades arrondies se parcourent dans un éclat d’eau qui tutoie notre sourire qui est resté accroché sur nos lèvres.


Les autres descentes de la région offrent autant d’atouts. Le secteur de Klontäl (Glaris) au sud de Zurich nous plonge dans le GamchiGavarnie Suisse. Des falaises en paliers se jettent dans un lac longiforme au vert doucereux. Sulzbach (3,2/4), ouvert une fois encore, par Andreas Brunner, creuse ses cascades sans discontinuer dans un calcaire massif avec en arrière plan le lac fluorescent et les alpages. Les explorations s’enchaînent rapidement. A l’automne les grandes cascades de Tscholboden (3/4) tombent et en 2009 une équipe Suisse menée par Holzinger Matthias escalade l’accès de Dunggellaui et le descend. A proximité, dans la basse vallée en-dessous du Tödi nous parcourons Furbach (3/4). Dans la même roche toujours aussi compacte, les encaissements se succèdent au milieu des gerbes des cascades bien nourries.


A la fin de l’été 2008, prés du Rhin, c’est enfin le Zanaibach (3,4/4, St Gall) dans la vallée de Taminatal qui est parcouru. Depuis 2005 plus de 7 fois nous nous sommes approchés de ses flancs. Et à chaque fois, le débit impressionnant nous a obligé à faire demi-tour. Le niveau d’eau ne semble jamais vouloir baisser, toujours terrible. Avec le froid qui revient sur les hauteurs à la Toussaint, nous pouvons enfin nous lancer dans son encaissement ? Le niveau technique reste élevé, mais la difficulté se gère sans excès. On commence par quelques rappels de plus de 20 m dans un étroit fermé et sombre. Dans l’une d’elles, la plus impressionnante, le jet nous frôle, passe dans notre dos et bouche l’encaissement. La douche est obligatoire. Ensuite, les petits obstacles se multiplient, bien arrosés mais d’une esthétique moindre. En fait, il faut lever le nez pour observer un couloir étrangement lumineux bordé de coulées marron. La pénombre s’estompe au milieu des gouttes des affluents.


En cette fin 2008 nous pensons tout de même que l’essentiel a été réalisé. A cette date notre conclusion est que la Suisse Centrale offre quelques descentes majeures mais n’est pas encore un secteur cohérent à l’intérêt incontournable. On ne peut pas passer un séjour entier d’une semaine uniquement sur cet espace. Nous pensons que les grands canyons ont été explorés et que seuls restent des canyons inaccessibles ou de moindre intérêt.


SchwarzenbachJuin 2009, un étrange mail arrive sur ma boite de la part de Timo Stammwitz. J’apprends qu’un nouveau topo sur les Grisons se prépare et il nous invite à faire quelques belles descentes dans le secteur. Le 06 août 2009, un an après Turnigla, on se retrouve avec Patrick Chollot, Eric Frézal, Valérie Félix, Timo et moi-même, au bas du Radeinbach (3,5/4) dans la même vallée que le Zanaibach. Plusieurs kilomètres de descentes nous attendent. Les falaises sont impressionnantes et la cassure ténébreuse.
Il nous faudra deux jours entiers avec 3 perforateurs pour ouvrir une centaine de cascades et ressauts. Au final, la descente sera saluée comme un grand enchaînement unique de rappels dans du calcaire. Mais il manque un passage exceptionnel à l’image de Lodrino ou Turnigla.


Pour le reste du mois d’août les niveaux d’eau sont encore trop élevés pour envisager d’autres descentes. A la place, les recherches s’intensifient. Emmanuel Bellut grâce à des listes éparses publiées sur internet localise sur les cartes de plus en plus de descentes. Le 25 octobre 2009 nous nous donnons d’ailleurs rendez-vous au fond de la vallée perdue de Kiental toujours au sud d’Interlaken avec Pascal Van Duin, Evan Jenkins, Emmanuel et moi-même. Une vraie équipe européenne composée de deux français, un du nord, l’autre du sud, un italien et un gallois. L’objectif, le Gamchi (3,9/4). Ce que nous savons de lui. Pas grand-chose. Il débute sous un glacier et Pascal nous apprend que la cascade maximum est de 60 m avec un Oscuros. Ensuite, rien, si ce n’est notre angoisse de l’inconnu.


Lors de l’approche laborieuse sur des balcons verglacés, nous voyons en face un labyrinthe tortueux qui coupe la montagne en deux. Dès l’entrée Emmanuel Bellut écrira : « Il fait froid. Vite équipés pour la descente, nous voilà partis. L'encaissement est d'abord modeste, et des pendeloques de neige et de glace s'écoulent de ses parois. Nous gagnons la confluence avec le cours d'eau principal, et le débit devient alors plus conséquent. Les parois qui nous entourent se font grandioses et cyclopéennes. Perchés sur un promontoire, nous voici au cœur d'un immense ravin minéral ». Et d’un coup le rêve se réalise.


Du trou béant qui s’ouvre, la roche s’effondre sous nos pieds, Evan sur sa corde vient de disparaître. Le dernier souvenir qu’il nous reste de lui c’est 3 coups de sifflets, qui signifient qu’il lui manque de la corde et qu’il faut le débrailler. Depuis, la corde file, Pascal ne voit plus rien. Evan est invisible, aspiré par la nuit, happé par un mur d’eau impénétrable. L’inquiétude pointe. La frontale d’Evan s’est soudainement éteinte. Pascal continue tout de même à donner du mou, toujours plus. Le sac se vide doucement. Il ne reste que quelques mètres.


L’encaissement est total, impressionnant, sans aspérité sur une hauteur de 150 m. Un bloc massif arrondi par les eaux, reste de crues titanesques, nourrit la perspective de ce puit sans fond. Départ de GamchiLes pires scénarios s’échafaudent et nous nous imaginons aux portes de l’enfer. Enfin, deux coups de sifflets salvateurs qui signifient « Libre » retentissent, loin, absorbés par la masse. Nous apprendrons quelques minutes plus tard que les paquets d’eau ont arraché la frontale d’Evan. Nous pensions que le rappel était inférieur à 25 m, en réalité, il était de 60 m. Au final nous rigolerons surtout d’Evan,  parti la cagoule grande ouverte et qui, pendant 5 mn fut copieusement douché par l’eau glaciale.


A présent, au pied de la cascade, au dessus de nos têtes, les déchets du glacier obstruent complètement l’encaissement étroit de moins d’un mètre. L’obscurité est totale et nous nous éclairons timidement grâce à nos lampes. Les cascades arrosées se succèdent, mais surtout la roche prend des formes multiples aux molles rondeurs. Nous regrettons l’absence de l’acétylène pour apprécier l’ambiance de cathédrale. Et de toute façon, nous nous concentrons sur les cascades arrosées. Le débit est important et les flots inconscients ne semblent pas vouloir prendre en considérations nos frêles carcasses.


Mais le grandiose nous attend plus loin. L’instant, où les mots et le lyrisme s’estompent, inutiles bavardages, nous, incapables de décrire l’émotion d’un paysage jamais rencontré.
Est-ce l’eau qui nous amène la lumière, ou la lumière qui nous amène cette infinité de gouttelettes qui se répandent superbes dans un tube de roche virginal ? Un puit de lumière de plus de 80 m de haut nous accueille à la sortie de l’oscuros alors qu’un affluent se jette en même temps dans la lueur du jour. Cette beauté nous accompagne jusqu’à la fin et tous ceux qui nous suivront partageront cet instant de béatitude. A la sortie nous pensons d’abord aux ouvreurs Franz Baumgartner et Andreas von Känel*** , qui descendirent dans les entrailles de ce canyon sans savoir où ils allaient.


Mais sur la route, un autre challenge s’offre à nous : Gries. Le débit est trop important, 300 l/s. La descente n’est pas praticable, mais le rocher semble aussi bon et encaissé que Gamchi. Pour nous consoler, nous nous rabattons sur le Schwarzbach (3,3/4) près du tunnel qui relie le Valais et Interlaken. De plus, des amis Suisse-Allemand nous rejoignent. Une fois encore, ce collecteur glaciaire se creuse d’une sarabande de roche. Les couleurs descendent en rubans arrondis et se moulent aux formes des cascades. Nous parcourons 3 encaissements distincts et spécifiques. Le niveau d’eau reste sportif comme toutes les descentes du secteur, mais l’équipement évite le gros du flux.


SchwarzbachPour Gries (3,6/4), il faut attendre encore un mois pour que le froid fige enfin les affluents des faces sud. Entre temps, pas très loin, mené par Pascal Van Duin et Emmanuel Bellut, les cascades amont des gorges touristiques de Rosenlaui sont ouvertes. Le 29 novembre l’équipe européenne se retrouve à Kiental malgré les 4 à 8 h de routes. Le fœhn souffle, et les nuages s’accumulent sur les sommets. Le débit, environ 150 l/s, reste important, technique et remuant dans certaines vasques. Laurent Felder contre assuré par Laurent Billery se rappellera longtemps du premier rappel arrosé et siphonnant. Mais malgré tout, pour notre dernière descente de l’année, la Suisse nous offre encore un monument. La cathédrale, tel que l’appellent les Suisses, s’élève obscure en une salle ronde, simplement éclairée de traînés de lumières orangées. A notre départ, les premiers flocons recouvrent la route et le lendemain l’hiver a répandu son grand manteau blanc. La saison était vraiment terminée.


Bien entendu de nombreuses autres descentes ont été parcourues, d’initiation en particulier, et nous ne les décrivons pas par manque de place. Mais, à cette heure, les espoirs s’accumulent sur la découverte d’autres descentes exceptionnelles. Sur la foi de photos et de témoignages qui affluent, les projets se multiplient. Mais, quoi qu’il en soit, en attente d’une nouvelle saison, nous pouvons apprécier la naissance du dernier grand secteur européen de canyon glacière technique. Telles les cimes de Suisse qui tutoient l’excellence, les canyons creusés au pied de ces sommets mythiques appartiennent aussi au panthéon des plus grands parcours de montagne.

 

Informations complémentaires :


Canyon glaciaire : Activité qui consiste à parcourir un canyon alimenté par un glacier ou dans des conditions très froides. A cette période le niveau d’eau a le mérite d’être à l’étiage. L’activité nécessite un matériel spécifique et des techniques de progression différentes.
Période : automne.
T° moyenne extérieure : - 5° à 9°. T° de l’eau 1 à 4°. En dessous de – 5° l’équipement gèle instantanément. Au-dessus de 10° les face sud ou les glaciers peuvent reprendre leur fonte.
Matériel : Double combinaison néoprène ou vêtement étanche type Vade Retro. Gants et chaussettes obligatoires 5 mm sans trous. En situation de glace usage des crampons, piolet + broche utile.


*Attention, en cas de descente l’usage des passerelles touristiques est strictement interdit. Le propriétaire observe d’un œil circonspect la pratique de cette activité.

**L’usage des passerelles de la prise d’eau est strictement interdit (Surveillance vidéo). Les villageois préconisent de faire la descente uniquement en partant du pont de pierre amont afin de limiter les risques en cas d’ouverture de la trappe de la prise d’eau.

***Andreas Von Känel guide réputé de l'Oberland bernois est à ce jour décédé dans un accident de montagne.

 

SulzbachChilentobel

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



Retour au sommaireMadère : canyon, dans le jardin d’Eden.

La côte nordMerci aux amis qui ont participé au séjour et ont fourni les photos : Laurent et Sandrine Billery, Laurent Felder et Arnaud Peyre.

Samedi 25 avril 2009, 19h10, canyon de delgado.

D’un coup, la montagne s’ouvre. Je rejoins vite le relais en dessous de la MC. Mais mon attention est instantanément captée par le mur d’eau qui s’écoule à mes pieds. Mon esprit s’étourdit par l’ambiance irréelle. 90 m plus bas je devine une vasque infinie. Le bleu sombre de la mer capricieuse. Les derniers rayons de soleil éclairent les rouleaux qui s’écrasent sur la falaise. Son rythme endiablé coïncide avec ma vue qui se brouille. Je me ressaisis, regarde la chute d’eau, juste le temps de voir Laurent absorbé par la nuée aquatique. La cascade en gros débit envoie des paquets d’eau qui accentue mon appréhension. Je suis dans le final de Delgado, un des canyons les plus impressionnants d’Europe.

Jeudi 23 avril 2009, 17 h, Marignane, France

Nous nous retrouvons, tous, inquiet à l’aéroport. La destination de Madère, peu connue, suscite une image contrastée : Réunion bis, nébuleuse à bouses glissantes et interminables, canyons beaux mais inaccessibles… ? Une multitude de questions auxquelles un ouvrage répond : la Bible d’Antoine florin, canyon à Madère. C'est un topo qui tenu dans les mains vous projette dans l’espace. Nous le compulsons avec fébrilité. Les descentes semblent séduisantes, longues, sportives, avec de gros dénivelés et des cascades dépassant les cent mètres. Mais que sera la réalité en fin de compte ?

Le lendemain nous nous levons. Le ciel est brumeux. Ce brouillard ne nous lâchera plus pour les 6 jours à venir. Mais nous sommes surtout étonnés par la végétation luxuriante. Elle nousUne Levadasurprend. Le vert omniprésent, fluorescent, à profusion, un jardin d’Eden aménagé par un jardinier divin, de partout, des Lis, des Arums, des Oiseaux du Paradis, des arbres violets, des plantes aux noms inconnues dont nous photographions avec attention le moindre des atours. Nous voilà dans un paradis végétal qui nous conquit aussitôt. Nous sommes tout particulièrement étonnés par les forêts : la Laurissilva, une forêt primaire. Pas de chênes, ni de pins ou d’eucalyptus, seulement des Lauriers géants, aux troncs massifs et torturés.

La côte nordEn marche vers le canyon de Passo, on longe une levada. A toutes les hauteurs d’impressionnants canaux moussus collectent l’eau des rivières. Toute l’île, et en particulier le versant au vent sur lequel nous sommes, est traversée par ces ouvrages d’irrigation. De longs tunnels amènent l’eau vers le sud plus sec. Ces canaux offrent alors de vertigineuses randonnées qui peuvent remplir une semaine entière. De plus, ces levadas permettent de maintenir un niveau d’eau acceptable dans les canyons dont Passo.

Entré dans la descente, nous sommes là aussi surpris par l’ambiance. La mousse tapisse les parois des falaises dans lesquelles de grandes cascades jaillissent. Seule une étroite bande, où coule l’eau rompt cette harmonie végétale. Rapidement, les perspectives se creusent, les obstacles s’étagent, toujours sous la surveillance de fougères géantes.

Le samedi, nous découvrons enfin le géant : Delgado (3.2/4). La première partie terminée, sans grand intérêt, on dépasse la Levada Norte et le canyon s’encaisse. Les rappels se succèdent dans des étroits sombres, mais originaux. Plus on avance, plus les vasques sont profondes et plus la descente prend du caractère. Arrive alors la dernière section. A présent, le débit devenu important rend les rappels plus techniques. Mais l’apothéose s’offre à moi lorsque je me retrouve sur cette petite margelle, 90 m au-dessus de la mer.

Je me jette dedans à corps perdu. La corde lourde me tire vers le bas. Les gouttelettes glissent sur mon casque et rafraîchissent mon visage. Je frôle le jet, je le palpe du pied, je le sens vibrer, rebondir dans ma poitrine dans laquelle s’écoule un liquide chaud, intense. Je vois plus bas, mon camarade, la tête baissée, se protégeant du jet. Je me vache au relais suspendu, pas pratique, mais je devine la suite. Un magnifique rappel vertical, la paroi figée à quelques centimètres de mon souffle.

La cascade de Delgado n’est plus qu’un bloc, qui s’effondre sur les bords lisses de la lave. Elle se dégage de la roche laissant une traînée qui m’enveloppe d’embruns ! Je me laisse filer sur la oiseau du paradiscorde et transporté par cette ambiance grandiose, je sens à peine les rochers du bas toucher mes pieds. Je me dégage vite et admire cette gerbe unique dans la falaise, encerclée de fougère, à proximité de l’éboulement du mois d’octobre.

Mais d’autres émotions nous attendent. Le dimanche on attaque Lombo (2.7/4). La veille, en voiture, nous avions ralenti, figé par ce cirque titanesque. La montagne tombe dans la mer en un seul pan, et au centre coule trois magnifiques cascades, rectilignes, bien nettes. Elles s’étalent en plusieurs filets d’eau qui habillent les faces de la montagne d’un tulle délicate.

Le soir revenu à la maison, un canyon nous intrigue. Il s’agit de Seixal (3.3/4). Les photos du topo d’Antoine florin laissent deviner des encaissements bien lisses et des vasques profondes. Une ambiance différente des jours précédents. Arrivé dedans, le départ est peu réjouissant, sans forme aux blocs glissants. Mais l’ensemble change vite. Sans coup férir, alors que la lassitude pointe son nez, la roche devient rouge. Le basalte compacte laisse la place au Cerro, résultat d’un agglomérat de scories. Vers les cieux, les formes sensuelles s’élèvent dans tous les sens. Polies, aussi lisses que dans un encaissement calcaire, les cascades s’arrondissent et se jettent dans des vasques profondes et limpides. Le contraste entre le vert des épiphytes* qui recouvrent toutes les parois et le rouge de la roche usée par l’eau donne un effet inconnu en Europe continentale. Un plaisir des yeux, un régal ludique, une satisfaction profonde pour des canyonistes habitués aux grandes ambiances. Certes la descente manque de continuité, mais chaque fois que cette roche se présente, la joie se renouvelle.

Hortela (3.1/4), l’affluent, a les mêmes caractéristiques. Après un départ dans un basalte compact et peu attractif, le canyon s’encaisse et offre de belles cascades arrosées dans des étroits aux perspectives épurées. Dans la même vallée on peut tenter par beau temps Mesa (2.7/4), qui se caractérise par sa cascade de 120 m où le soleil dessinera un halo arc-en-ciel autour de vos gesticulations s’il a daigné sortir.

Madère est une île exigeante, conseillée aux équipes sportives. Mais, il existe des courses plus courtes. En premier lieu Agua Alto (2/4) à proximité de Passo. Par un chemin vertigineux, taillé dans la roche on accède à une esthétique cascade inclinée de 90 m qui surplombe la mer. De même entre Santana et Funchal on peut descendre le haut de Ribeiro Frio (2.3/4). Il débute tout de suite par une cascade de 50 m bien lisse et il continue dans un encaissement avec quelques vasques ludique et un passage sous bloc suggestif. Pour les débutants on peut tenter Cales, malgré l’absence d’encaissement. De même, plus long, Ribeiro Bonito (2/4) serait une descente ludique avec une grande cascade finale intéressante du type de La Lari supérieur si son accès et la marche dans le lit étaient moins fastidieux. Quoi qu’il en soit, l’île offre de nombreuses autres descentes aux ambiances spécifiques et nous en avons parcouru qu’un petit nombre.

Jardin d’Eden, à la floraison opulente, randonneurs ou  canyonistes, tous les sportifs trouveront de quoi se satisfaire dans cette île. Aux portes de l’Europe continentale, Madère a un caractère propre qu’il faut découvrir  avec un esprit ouvert et curieux, pour le plaisir de passer un moment de contemplation original et différent.

 

 

Carte d’identité : 797 km ², 245000 habitants
Nombre de canyon référencé dans le top d’Antoine florin : 37
Bibliographie : Canyons à Madère, descentes sportives et randonnées, 2007, 212 p. Achetable uniquement auprès de l’auteur www.canyoning-madeira.com ou sur le site de résurgence Une Levadawww.résurgence.fr
Cartes : Kompass, madeira, 1 : 50000
Période : Printemps, automne. Préférez le printemps pour les fleurs.
Equipement : très bon
Température de l’eau : froide
Climat : humide et brumeux. Les départs sur le plateau sont froids et venteux.
Matériel indispensable supplémentaire : GPS
Législation : Chaque descente nécessite une autorisation, avec le nom, prénom et papier d’identité ; indication de l’heure de départ et arrivée, et descriptif succinct. (Voir le site d’Antoine Florin)
Accès : un aéroport international à Funchal, comptez de 170 à 400 € A/R
Hébergement : Nombreuses villas à louer. Hors saison comptez, 300 € la semaine.
Location voiture : Nombreux loueurs à l’aéroport. Comptez 200 € pour une semaine hors saison. Grâce aux nouveaux tunnels la circulation est rapide.
Autres sports : randonnée le long des levadas


*Plantes qui poussent en se servant d’autres plantes comme support, sans pour autant être des parasites.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  



Retour au sommaire La douce moiteur des Canaries

El TeideMerci aux amis qui ont participé au séjour : Eric Frézal, Laurent Seyvet, Bruno Izard, et pour Carrizales, Frédéric Garcia et Marie Anne. (photos de Fred et Laurent à la fin :-) )

Dès que la porte de l’avion s’ouvre la douce moiteur pénètre le fuselage. Dehors, il fait 24° pourtant le sol est humide et des nuages accrochent le Teide. Nous nous embarquons dans le ferries pour la Gomera et la température est toujours aussi douce. Nous en profitons, décontenancé, encore saisi par le froid de France, par parcourir le bastingage à respirer à plein poumon. Quelques heures plus tard, nous rencontrons une pluie battante sur les sommets de l’île. La Laurisilva accompagne notre route, encerclé par un brouillard tenace. Mais à destination il fait toujours 21°. A la nuit tombé, le thermomètre reste coincé à 20 ° et nous le retrouvons au même niveau le lendemain matin. Ce sera ainsi, tous les jours, une douce chaleur, à tout moment de la journée, et jamais trop chaude pour les longues marches d’approches.

Les Canaries ont cette qualité d’être une île où les température côtière passent rarement en dessous de 20° et dont l’amplitude thermique reste faible. C’est donc une destination idéale en plein hiver. Il ne reste à présent qu’à trouver des beaux canyons.

Aussitôt nos regards se tournent vers Carrizales (3.3/4). Tous les sites en parlent et les témoignages sont nombreux. La route d’approche et déjà ravissante. Les falaises de Los Gigantes, au lever du jour, révèlent grâce aux lumières tamisées une infinité de formes titanesques. Les ravins profonds sont dessinés par des falaises aux strates abruptes de basaltes et scories. CarrizalesL’humidité hivernale, présente par une brume aux lambeaux épars, entretient des herbes grasses qui accentuent les formes déchiquetées. Au milieu, un village s’épanoui, Masca. Du sommet d’un éperon, îlot cerclé de quelques terrasses, il se perd dans l’immensité.

Le village de Carrizales est tout autant improbable. Et au bout de la route la paroi se referme d’un coup. Malgré le noir, et les irrégularités de la lave, le canyon s’encaisse et à notre grande surprise de petites cascades remplissent de profondes vasques. Au premier abord, rien ne correspond aux Alpes Maritimes, pourtant dans cet étroit, le plaisir est le même dans une ambiance identique. Même sensation d’enfermement, de sculpture et de jeux. Et par-dessus tout, l’eau est elle aussi à 20°, un 28 décembre, quel cadeau des cieux. La dernière vasque est à quelques mètres avant la plage, dernier plaisir, au milieu des sables et des galets noirs. Le retour nous fait plus suer à suivre des cairns éparpillés dans une montagne hostile. Mais quel panorama. Nous retrouvons notre humilité d’humanoïdes perdus dans une nature dont nous devons reconnaître la force. Au final, cette descente entre dans le palmarès des beaux canyons européens, à faire en eau, en hiver, après les pluies.

Plage de CarrizalesMais que nous réserve le reste de l’île. Un canyon ne fait pas un séjour. Rio amont (3/4), le seul canyon froid, nous offre encore quelques surprises. Nous marchons prés d’une heure trente au fond de la Caldeira du Teide. Le cône s’élève en arrière plan, de ces multiples couleurs jaunâtres. A perte de vue, les amas de laves se craquellent ne laissant que des traînés stérile ou des zones sableuses ou se meurt les dernières flaques des pluies de la semaine précédente. Sur la crête toute l’île se révèle à nous. Autant, l’intérieur que le littoral et on aperçoit déjà la brume qui s’élève des pentes. Dedans, surprise, l’eau est froide, voire très froide, ce sera le seul canyon où l’eau ne tournera pas autour de 20°. Le début au soleil nous plait en raison des grandes cascades. Mais on déchante vite. Les marches intermédiaires sont fastidieuses et sans intérêt. On se languit de la fin lorsque le dernier encaissement s’offre à nous. Dans un dépôt de scorie dense, le canyon se creuse d’une teinte brunâtre. Les formes s’arrondissent et les vasques deviennent profondes. Les cascades s’enchaînent sans discontinuer. Un plaisir final qui de suite hisse cette descente dans les incontournables de l’île.Piedras Amarillas. Accès Rio.

Pour le reste du temps passé à Tenerife nous n’avons pas parcouru beaucoup d’autres canyons. Badajos complètement sec offre quelques cascades bien sculptées à la roche qui laisse penser à du Gré. Gambuesas est quand à lui plus décevant. Eric, Bruno et Laurent parcourent des cascades sèches qui s’enchaînent sans grand intérêt. D’autres descentes semblent impressionnantes comme Poleo, mais ce sera pour une autre fois.

En fait, notre séjour s’est d’abord déroulé sur l’île de la Gomera. Secteur peu connu. Cette île à quelques encablures de Tenerife cache une identité tout aussi attrayante et différente. Le plateau sommital est recouvert par la Laurisilva. Les lauriers, les petits buissons recouvrent chaque arpent de terre d’un tapis vert fluorescent. Nous logeons à Arure, juste au-dessus de la valle Gran Rei, une des attractions les plus impressionnantes de l’île. Les falaises, mille feuilles de basalte instable encerclent le village. Les terrasses par étages Arure dans la brumerecouvrent les pentes de la vallée intérieure, et au milieu émergent quelques hameaux épars. Vers la mer qui nous tend les bras, d’un des belvédères les plus beaux de l’île débutent le canyon d’Arure (2.3/4).

Lors de notre descente nous avons la chance de profiter d’un débit conséquent, malgré le brouillard qui nous cache la mer. Malheureusement, ce canyon qui prétend occuper la 1ère place de l’île se révèle pour le haut être un déversoir d’égout. Dès le premier pied posé dans la vasque une vase noirâtre enserre le pied aux relents fétides. Heureusement, ensuite, les cascades se succèdent sans trop de marche, et surtout le sol vient à filtrer l’eau et la qualité s’améliore, sans odeur. Le final est de toute beauté avec une cascade bien creusée et esthétique. Mais nous commençons tout de même à nous inquiéter du reste.

Le lendemain, toujours dans le brouillard, on attaque Argagas (2.2/4). Les caractéristiques semblent être séduisantes avec de nombreuses cascades dont une de 70 m à la fin. En réalité, chaque obstacle est séparé par une longue marche. On réalise une randonnée dans un cadre irréel, entouré de terrasses pleines de cactus, mais sans « vrai » canyon. Ce n’est qu’à la fin que le cours d’eau s’enfonce dans une ambiance approchant celle du Colorado. Argagas se jette de prés de 70 m dans un encaissement profond et étroit. Le rappel est arrosé et même dangereux Zarzas dans Agua si le débit et trop important. La cascade suivante ne démérite pas, elle aussi. Le rappel se déroule dans une ambiance forte d’autant plus si le débit est sportif. Mais tant de marche pour deux rappels, le coût est élevé, mais lorsqu’on aime, on ne compte pas ;-)

Les deux canyons les plus réputés réalisés, notre inquiétude redouble. Le lendemain on se jette dans Agua (1.8/4). Première découverte, le canyon coule. Tant mieux. Mais en réalité, la cascade de plus de 100 m est plutôt un grand rappel en falaise sur laquelle coule par chance de l’eau. Et le reste… Certes, quelques cascades sont sympas et surtout encaissées à la fin dans un dépôt de scorie intéressant. De même, l’environnement est toujours aussi étonnant et esthétique. Mais alors, quelle jungle, il ne manquait que les moustiques et les sangsue pour se croire au Viêt Nam. On doit ramper dans une eau boueuse pour éviter les terribles zarzas, c'est-à-dire les ronces. Elles s’accrochent, dégoulinent, prospèrent de partout, et il ne faut pas compter sur le froid de l’hiver pour nous laisser du répit.

Heureusement, le lendemain La cascade du Cedro (2.3/4) procure une grande ambiance et une cascade bien sculptée. Plaisir Vue du sommet de la gomerad’autant plus agréable, que Caracal a décidé de fainéanter et qu’il est parvenu on ne sait trop comment – enfin surtout pas chance – par trouver une micro sente qui évite les terribles Zarzas de l’aval. Ainsi nous ne faisons pas la navette et nous apprécions le chemin en balcon de retour et le restaurant traditionnel du camping qui sert de parking amont.

Mais le pire nous attendait ensuite. Vica (1.5/4) au-dessus du village d’Agulo est aussi une succession de rappels dans une falaise rougeâtre à peine sculptée. Mais ne critiquons pas trop pour autant. Une fois encore nous découvrons une vertu du canyon. La Vallée du Cedrocourse est certes d’un intérêt discutable mais grâce à lui nous profitons d’un village, d’une vallée est d’un point de vue à la beauté enchanteresse. Un vrai plaisir d’apprécier le cadre et les bananes traditionnelles du village.

C’est pourquoi pour terminer le séjour, Bruno, Eric et Laurent décide de couronner cette terre du canyon par l’innérable Erques. Non, non, ne disons pas que la descente porte bien son non. Ce serait une fois encore médisant pour un cadre qui reste exceptionnel. Mais avouons qu’en terme de canyon, dedans, il n’y a rien. Les cascades et le pseudo étroit réveilleront les émotions les plus enfouies des prospections épiques dans le sud de la France pas loin du Rhône ;-).

Au final, l’île de Tenerife vaut le détour. Carrizales entre sans aucun doute dans le palmarès des descentes incontournables méritant un long voyage. Rio suscitera un vrai plasir par sa marche d'approche et sa descente et d'autres descentes sympas existent. Mais déplacez vous dans ce bel archipel autant pour notre sport préféré que pour les autres mérites des îles. Sachez ouvrir les yeux et apprécier toutes les dimensions sportives, culturelles et humaines de ces îles du bout de l’Europe.

Photos de Laurent Seyvet :

 http://picasaweb.google.fr/lanchatra/CarrizalesPhotoLink?authkey=Gv1sRgCILtx-PgpZ7Xbw&feat=directlink


http://picasaweb.google.fr/lanchatra/PhotoCanyonIlesGomeraBarrancoArureBarrancoAguaBarrancoDelCedro?authkey=Gv1sRgCKvUxebK4o3K0wE&feat=directlink

Photos de Frédéric Garcia :

CarrizalesCarrizales

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Hébergement :

Gomera, utilisez les site des Casas rurales. Il y a de trés jolies maisons traditionnelles à des prix intéressants.

Tenerife, le même système existe, mais le plus souvent vous serez logés dans les grandes zones hotelières du sud de l'île. Coin trés laid mais à la T° idéale. L'autoroute est à côté. Utilisez les sites classiques de recherches d'hotels : last minute, oppodo...

Transports :

De nombreuses lignes relient Tenerife. De Girona Rayanair propose un vol direct. Attention aux bagages et au poids, ils sont pénibles.

Pour relier la Gomera il y a de nombreux ferries de Los Christianos.

A Tenerife les voitures se louent sans difficultés à l'aéroport. Pour la Gomera prévoyez à l'avance.

Matériel :

A part dans Rio amont, les gants et la cagoule sont inutiles.

 

  



Retour au sommaire Gries

Gries sortie 1er encaissementAvec l'European Canyoning Team, Pascal Van Duin (I), Evan Jenkins (UK), Emmanuel Bellut (F), Laurent Billery (F) et Laurent Felder (F), .

Tout le monde est aux aguets. Qui ne l’a pas vu ? Chaque canyoniste qui a rejoint Griesalp pour réaliser Gamchi s’est arrêté pour l’observer. Cet encaissement étroit, au grondement tumultueux, les imaginations grésillent aux sculptures douces et chacun s’est imaginé entrain de frôler les jets glaciaux.

Les mails circulent depuis des semaines. D’Italie, vers la Lorraine, du nord vers Marseille en passant par Londres et la Suisse allemande. C’est le temps de l’attente, chaque semaine s’égraine à espérer que le débit diminue. La météo reste au chaud et la déception se lit sur les visages chaque week-end. Le débit ne baisse par alors que l’hiver est aux aguets.

En ce dernier week-end de novembre Laurent and Laurent décident de passer un long week-end en Suisse. Ils contactent Franz Baumgartner l’ouvreur de Gamchi et Gries. Bien leur en prit, enfin, le niveau d’eau est à l’étiage. Les glaciers figés dans leurs solitudes hivernales regardent les faces sud sans neige. Plus rien ne nourrit les affluents.

Avec Emmanuel Belut, Laurent Billery, Laurent Felder, Evan Jenkis et Pascal Van Duin, la première cascade s’offre à nous. La colonne d’eau se fracasse d’un bloc dans une vasque très encaissée. Le flux se projette ensuite sous un tronc dont on a du mal à deviner le passage. Heureusement, la difficulté se gère sans trop de peine. Le débit n’est pas trop excessif malgré un accès au point suivant sportif.

EquipementLe cadre exigeant et technique s’oublie rapidement, submergé que nous sommes par l’encaissement de plus en plus obscur. Une fois encore la roche grisâtre s’envole en des bombés, surplombs et miroirs lisses à l’imagination fertile.

Le plus beau est un peu plus loin. La cathédrale tel que l’appel Franz. On y arrive grâce à la plus grande cascade aux bourrasques réfrigérantes. Le noir est complet et pourtant la lumière s’immisce impudique dans l’oscuros, par des reflets orangés qui balaient lascifs l’arche de roche épurée. Un bonheur.

Enfin, nous revenons à la lumière et l’encaissement principal se termine. On pourrait penser que le reste perd de l’intérêt. Ce n’est pas le cas. La roche change et se creuse en des marmites diaboliques. La sorcière nous dit bonjour et en dessous de ses pieds maléfiques s’enfoncent les dernières cascades. Le débit est plus fort surtout depuis que l’on s’est fait arrosé par l’affluent RG. Mais on progresse sans grande difficulté. L’équipement bien pensé nous aide. Cette quiétude relative nous permet de négocier sans grande difficulté un petit siphon et on se retrouve à l’extérieur de la gueule, au grand jour sur un lit large et plat.

Enfin, nous l’avons vaincu, le dernier jour de l’automne 2009. Ce n’est plus qu’un souvenir et la neige peut commencer à tomber. Cette nouvelle étape nourrit de nouveaux espoirs de cette Suisse qui une fois encore anoblit si brillamment notre activité.

  



Retour au sommaire Gamchi*, de l'obscure à la lumière

EquipementAvec l'European Canyoning Team, Emmanuel Bellut (F), Pascal Van Duin (I) et Evan Jenkins (UK) + pour Schwarzbach nos amis Switzerdutch. Photos de Pascal Van Duin et Emmanuel Bellut.

Evan vient de disparaître. Le dernier souvenir qu’il nous reste de lui c’est 3 coups de sifflets. Depuis, Pascal ne voit plus rien. Evan est invisible, aspiré par la nuit, happé par un mur d’eau impénétrable. Il laisse filer la corde sans répits. L’inquiétude pointe. La frontale d’Evan s’est soudainement éteinte sous le flux d’eau. Pascal continue tout de même à donner du mou, toujours plus. Le sac se vide doucement. Il s’en inquiète.

- Je n’ai plus grand chose.

L’encaissement est total, impressionnant, sans aspérité sur une hauteur de 150 m. Un bloc cyclopéen arrondi par les eaux, reste de crues titanesques, nourrit la perspective de ce puits sans fond. Les pires scénarios s’échafaudent et nous nous imaginons aux portes de l’enfer.

Enfin, deux coups de sifflets salvateurs retentissent, loins, absorbés par la masse.Le collecteur (Bellut)

A présent, c’est au tour de pascal à se jetter dans ce trou noir et il découvre un toboggan de 55 m qui glisse dans l’obscurité. Au bout de 15 m le relais décalé le place directement dans la gerbe et c’est en file d’araignée submergé qu’il poursuit sa descente. L’eau glaciale ruisselle sur son front tétanisé, et les paquets d’eau heurtent son casque. Entouré d’un halo de lumière en lévitation dans l’obscurité, il finit enfin par voir Evan, transis mais hilare de sa descente et de ses surprises.

Euphorique le groupe attend Caracal, qui pour une fois ne dit rien et qui reprendra, dès le pied posé au sol, à hurler des onomatopées incompréhénsibles.

Le départ (Van Duin)Au cœur du sujet, nous pouvons nous rappeler nos premiers souvenirs. La veille, Manu avait rassemblé un maximum d’informations prélevées sur le site d’Andreas Brunner. Pascal nous avait appris la hauteur du plus grand rappel et la présence d’un oscuros. Ce que je retenais pour ma part c’était la langue glacière qui dominait le premier rappel. Du chemin nous avions bien vu cette étroite rigole qui découpait en deux la montagne, le fond invisible. Mais à ce point. Nous en étions étonné.

D’autant plus qu’en raison du réchauffement climatique le glacier, 50 m en retrait, ne surplombait plus l’encaissement. Le petit affluent RG du collecteur nous avait consolé grâce à ses rappels bien sculptés et étroits. Mais ensuite, une marche sans grande originalité avait succédé avant de surplomber un gigantesque chaos de blocs sans intérêt. Mais au fond le ventre de la terre se refermait en une fissure humide, sombre et La fente (Van Duin)glaciale.

Le rappel de 60 m nous cueille à froid. Evan part d’ailleurs en tête la cagoule encore ouverte avec une 20aine de mètres de corde. Mal lui en prit puisque dès les premières bourrasques la frontale dégage et il descend en moulinette les 40 m restant. L’eau froide glisse dans son cou, dans l’obscurité la plus totale, maudissant pascal qui le mouline si doucement. On ne retrouvera pas la frontale et c’est Pascal qui lui en donnera une de secours.

Début de la 60 m (Bellut)A présent, au pied de la cascade, je continue seul. Sur ma tête, les déchets du glacier remplissent totalement l’encaissement étroit de moins d’un mètre. Les cascades arrosées se succèdent, mais surtout la roche prend des formes multiples, épurées, aux molles rondeurs. Je regrette l’absence de l’acétylène pour apprécier l’ambiance cathédrale. Et de toute façon, je me concentre sur Manu qui se jette dans une cascade dont on ne voit pas les amis à la base. De nouveau l’eau s’empare du canyoniste, les flots inconscients de leurs créations rocheuses et de nos frêles carcasses.

Mais le grandiose nous attend plus loin. L’instant, où les mots et le lyrisme s’estompent, inutiles bavardages, nous, incapables de décrire l’émotion d’un paysage jamais rencontré.

Est-ce l’eau qui nous amène la lumière, ou la lumière qui nous amène cette infinité de gouttelettes qui se répandent dans un silo de roche aux parois grisâtres lisses ? Un puits de lumières d’au moins 80 m de haut nous accueille à la sortie de l’oscuros alors qu’une cascade se jette en même temps dans le rayon du jour.

Sortie dans le puit de lumière (Van Duin)A présent, il n’y a plus d’obstacles, et nous alternons oscuros, couloir de lumières arrosé d’une petite pluie, et encaissements plus large. Après un dernier étroit dont le passage le plus resserré est inférieur à 50 cm, nous nous retrouvons à l’air libre sur une plaine morne et arrondie.

Pascal clôture la descente par une phrase de bon sens.

- Je comprends que l’on ne voyait pas du chemin le fond du canyon !

Mais, une question reste. Comment va-t-on parler de ce canyon ? Certes, c’est un mélange du Milnarica, Trummelbach et Cormor. Milnarica en raison de sa grande cascadetrès encaissée et arrosée. Trummelbach du fait de cette roche glaciaire typique de la Suisse, mais sans sa continuité et sa longueur ce qui le place en dessous de ce monument. Cormor, du fait de son obscurité totale et des formes de rocher, même si Cormor et lui aussi plus long et mieux sculpté. Au final, peut-on le classer dans les plus grands canyons d’Europe avec le risque qu’après répétition l’intérêt s’estompe, l’effet de surprise ayant disparu ? Nous ne trancherons jamais ce type de débat et nous vous en laissons seules juges aprèsl’avoir descendu ;-). Mais quoi qu’il en soit cette descente relativement courte offre des ambiances rarement rencontrées. (12 rappels, dont 6 dans l’oscuros).

* Canyon ouvert par Franz Baumgartner et Andreas von KänelSchwarzbach (Van Duin)

Schwarzbach

Schwarzbach (Van Duin)Le lendemain nous embrayons sur une autre bonne surprise avec un suplément d'amis Suisse. Moins impressionnantes queGamchi, mais tout aussi intéressant.

Du chemin on observe bien quelques cascades et encaissements. On devine même une arche de roche aux embruns nourris par un débit important. Mais nos points de vue sont insuffisants pour nous faire oublier les parties intermédiaires sans intérêt. Nous arrivonsdonc mitigé en haut du premier encaissement que nous pensons se limiter à une simple rando.

Pourtant, une fois encore, la terre ouvre son cœur et le cours d’eau s’enfonce entre deux parois à la pureté immaculée, grises, soutenues par le vacarme des eaux. Le canyon forme 3 parties distinctes avec pour chacun un intérêt spécifique. Les marches s’oublient vites et il ne reste que le souvenir d’obstacles originaux et variés.

 



Retour au sommaire Radeinbach, une surprise au fond de la Suisse Centrale.

Radeinbach hautAvec Timo Stammwitz, Patrick Chollot, Eric Frézal, Valérie Félix et Caracal.Estrop aprés l'orage

Où reste la dernière frontière de l’alpinisme ? Plus aucun sommet en Europe attend son premier visiteur. Pourtant, un domaine reste à visiter, oublier par les explorateurs de jadis : les canyons. Et paradoxalement c’est en Suisse, terre foulée par les plus grands noms aux exploits héroïques et parfois inconscients, que se niche les dernières grandes descentes à ouvrir ou à sortir de l’ombre. Où exactement ? Dans le canton de Saint Gall, dans la vallée de Taminatal et son nom est le Radeinbach. Du téléphérique qui mène au départ on devine la veine d’eau étroite qui découpe la roche massive aux falaises vertigineuses. Au final, la descente entre dans l’exception avec des caractéristiques uniques : 88 obstacles de plus de 2 m, 65 rappels à ce jour, 6 à 9 h de descentes pour 1 h d’approche et 5 mn de retour, un débit moyen de 100 l/s... Ce canyon exigeant de 660 m de dénivelés constitue la descente calcaire tout à la fois la plus continue et au plus grand nombre de cascades d’Europe. Elle est notée sur la grille d’intérêt beauté canyon de 3,3 à 3,8 / 4. Chaque cascade s’enchaîne à l’autre dans un rocher marbré, rutilant. Parcourir l’encaissement central, à 13 h, lorsque le soleil jette ses rayons jusqu’au fond de l’étroit et illumine l’affluent RG arc en ciel, procure un des moments canyons fabuleux cadeau de la montagne. Deux jours et 70 goujons ont été nécessaires pour le vaincre le 06 et le 07 août 2009.

 



Retour au sommaire Male Vesse, l'année des névés (juin 2009)

Avec Sébastien Vallata, Eric Chateauminoix et FrançoisEstrop aprés l'orage

Bien nous en prit en cette fête de la Pentecôte que de nous rendre en randonnée sur les crêtes de Male Vesse. Quelle idée que de vouloir user nos savates sur les arêtes assérées de Troumilles ou de la cabane Basse !

Avant que ne nous tombe littéralement dessus l'orage, enfin, avant que la foudre ne nous démange les pieds, nous avons pu réaliser quelques photos du vallon de Male Vesse suite à l'hiver neigeux.

Au final la descente risque d'être difficile, même à la fin de l'été, réservée aux spécialistes du mixte canyono/alpiniste.

La partie amont concentre un grand nombre de névés et les plus gros se situent au niveau de la partie supérieure. L'encaissement large d'une dizaine de mètre et profond d'une quarantaine de mètre est invisible.combe

On constate, que les deux couloirs à avalanches ont fait jonction pour se jeter au bas de la grande cascade. Deplus, les avalanches ont rempli les affluents RG terminant leur course toujours au bas de la grande cascade. On voit ensuite d'autres névés aprés la deuxième grande cascade.

Male Vesse amont partie finaleLe troissième encaissement n'est pas en reste, puisque lui même et plein, malgré ses 40 à 50 mètres de fond.

Pour vous rassurez vous voudrez surement vous rabattre sur la partie aval. Que nenni, là aussi de beaux névés se devinent.

Au final, il ne reste pas grand chose à descendre dans le secteur de l'Estrop. Les eaux grosses ont un névés de 35 m de haut au bas de la dernière cascade. La combe est plus dégagée, en particulier à partir de la C50, malheureusement, un de ses rares encaissements et lui même pleins de névés. Nous n'avons pas osé aller voir Bussing, mais vous imaginez déjà le spectacle.

A oui, avant de conclure. Nous savons que l'Estrop est un massif de "l'extrême" autant pour le canyon, la randonnée, le parapente, le ski, la cascade de glace ... Nous le fréquentons à présent depuis de longue années. Mais c'est la première Eaux grossesfois qu' une brume cumuléiforme habituelle à ce massif se transforme en orage violent avec grésil et tout le tralala en moins de 30 mn.

Donc restez prudents et méfiez vous toujours de cette bête endormie ;-).

 



Retour au sommaire Delgado (Madère), un géant aux portes de l'Europe*

DelgadoPhotos : Laurent Felder, Sandrine Billery et Caracal.Le jardin d'éden

Samedi 25 avril 2009, 19h10

D’un coup, la montagne s’ouvre. Je rejoins vite le relais en dessous de la MC. Caracal, comme d’habitude arrive en traînant. Mais mon attentionestinstantanément captée par le mur d’eau qui s’écoule à mes pieds. Mon esprit s’étourdit par l’ambiance irréelle. 90 m plus bas je devine une vasque infinie.Le bleu sombre de la mer capricieuse, éclairée par les derniers rayons du soleil qui se faufilent au milieu des nuages agite mon cœur. Son rythme endiablé coïncide avec ma vue qui se brouille. Je me ressaisis, juste le temps de voir Laurent enveloppée par la nuée aquatique. La cascade en gros débit envoie des paquets d’eau qui accentue mon appréhension.

PassoNous sommes au bout de 9 h de descente harassante dans le final de Delgado. Je me rappelle comment hier soir nous avons compulsé avec frénésie la bible d’Antoine Florin, canyons à Madère. Nous avons relevé tous les points GPS, appris par cœur la carte, anticipé la moindre difficulté. Grâce au topo, malgré le brouillard, on a trouvé le chemin sans grandes difficultés. PassoLa végétation nous surprend. Le vert omniprésent, fluorescent, à profusion, un jardin d’Eden aménagé par un jardinier divin, de partout, des lis, des arums, des oiseaux du Paradis, des arbres violets, de plantes aux noms inconnues dont nous photographions avec attention le moindre des atours, un paradis végétal qui nous conquit aussitôt. Nous sommes tout particulièrement étonnés par les forêts : la Laurrisilva, une forêt primaire. Pas de chênes, de pins ou d’eucalyptus, seulement des Lauriers géants, aux troncs massifs et torturés.

PassoEncore surpris de toute cette luxuriance, bien que nous soyons à une latitude plus au sud que Casablanca, sous la bruine, nous avons attaqué la descente. D’ailleurs, nous nous regardions tous dubitatifs. Caracal le premier.

- Super… une vraie bouse d’Ardèche… et en plus ça glisse… J’ai autre chose à foutre… J’ai du boulot moi… Qui veut le sac de rééquipement ?

DelgadoC’est ici que se termina l’histoire de Caracal, c’est là que commença la mienne !

Je continuais intrigué par ce spectacle. La première partie terminée, sans grand intérêt, on dépasse la Levada Norte et le canyon s’encaisse. Sans interruption les rappels trés bien équipés par Antoine Florin et ses amis s’enchaînent dans des étroits sombres, mais originaux. Plus on avance, plus les vasques sont profondes et plus la descente prend du caractère, jusqu’à la dernière section. A présent, le débit est devenu important. Les rappels sont plus techniques. Mais l’apothéose s’offre à moi lorsque je me retrouve sur cette petite margelle, 90 m au-dessus de la mer.

SeixalJe me jette dedans, la corde lourde me tire vers le bas. Les gouttelettes glissent sur mon casque et rafraîchissent mon visage. Je frôle le jet, je le palpe du pied, je le sens vibrer, rebondir dans ma poitrine dans laquelle s’écoule un liquide chaud, intense. Je vois plus bas, Laurent, la tête baissée, se protégeant du jet. Je me vache au relais suspendu, pas pratique, mais je devine la suite. Un magnifique rappel vertical, la paroi figée à quelques centimètres de mon souffle.

La cascade n’est plus qu’un bloc, qui s’effondre sur les bords lisses de la lave. Elle se dégage de la roche laissant une traînée qui m’enveloppe d’embruns ! Je me laisse filer sur la corde et transporté par cette ambiance grandiose, je sens à peine les rochers du bas toucher mes pieds. Je me dégage vite et admire cette gerbe unique, encerclée de fougère dans la falaise, à proximité de l’éboulement du mois d’octobre.

SeixalMême si Delgado à moins de passages marquants que Seixal, que les rochers glissent et que le soleil apparaît rarement caché par la brume, sans compter la première partie fastidieuse et peu intéressante, cette descente de 55 rappels qui s’étagent sur 1380 m offre un Porto Monizdes plus gros dénivelés d’Europe. Elle entre dans le Palmarès des grandes descentes et côtoie des parcours comme ceux de la réunion, la Bendola, Serviera, le Gorgopotamos, Bussing, …

Une destination incontournable pour les équipes sportives.

Rédaction Caracal
Avec : Laurent Felder, Laurent Billery, Sandrine Billery et Arnaud Peyre.

* L'Europe s'entend au plan continental. Madère appartient à l'UE en tant qu'île portugaise.

 



Retour au sommaire Canyon aux confins de la Catalogne : le Massif del Port

Regatxol

Assoupi sur le siège passager, vous regardez distrait le paysage défiler. La route monotone, le long du littoral, bordée de lotissements vides et sans caractère, laisse dérouler son panorama défiguré par la folie immobilière. Au passage de Tarragone vous apercevez au loin le massif del Port, enfin. Une longue crête se dégage grisâtre, sans aspérité. Le soleil couchant ne parvient pas à en extraire les formes. Vous vous approchez et perdu dans Roquetes, vous finissez par trouver la direction du Mont Caron. La route sinueuse grimpe les bords de la montagne. Vous vous inquiétez de l’absence de forêt, le massif semble sec, dont le sommet le plus haut dépasse à peine 1400 m. La carte révèle un haut plateau aux alentours de 1000 m veiné de cours d’eau qui découpent ses flancs.

PenyagaleraEn ce mois de février, peu de destinations s’offraient à vous ! Le Nord trop gelé, même pour le canyon glaciaire, a été abandonné. Les îles espagnoles et italiennes, vous les avez déjà faîtes et les Pyrénées chargés de trop de neige cette année n’excitent pas votre goût des conditions extrêmes. Au final, le massif del Port offrira-t-il, soleil, eau et beaux passages ?

Au final, la tendance plutôt sèche avec de longues marches d’approches n’enlève pas son intérêt à ce secteur hivernal. D’autant plus qu’à notre étonnement, le rocher laisse exprimer toutes les formes que l’on attend en canyon, dans du calcaire, comme dans du conglomérat, et l’eau présente à cette saison nous a fournit de beaux moments ludiques.

ParidoraLe Massif s’organise en deux secteurs, la partie autour de Roquetes et celle au nord entre Horta de Sant Joan et Beceite.

Le premier se caractérise par ses canyons secs. Le plus beau est le Val Figuera (2,6/4). Nous vous conseillons d’attaquer par un affluent RD Ximenot. Vous éviterez la partie fastidieuse de la 1ère partie de Figuera. Au lieu de marcher dans les blocs, vous commencerez par quelques rappels afin d’atterrir directement au niveau des Gubies. Ensuite, dans un étroit impressionnant les vasques s’enchaînent dont une vasque vide de prés de 10 m. La remontée au véhicule, rude à souhait, permettra de se faire une idée du paysage sauvage du massif.

ParidoraLe lendemain, si la piste de Regatxol (3/4) n’est pas ouverte, découvrez Paridora (2,3/4). On trouve de tout dans ce canyon, des vasques profondes, des encaissements et des rappels agréables. Malheureusement, l’ensemble manque de continuité et les obstacles n’ont pas un caractère très affirmé, ce qui rend ce parcours moins intéressant que les autres.

RegatxolD’autres descentes avec un potentiel certain existent comme Caramella. Mais nous n’avons pas eu le loisir de le descendre. Reste donc Regatxol (3/4). Moment d’extase, où le temps s’arrête un instant. Un instant justement puisque le défaut de cette descente réside dans sa brièveté. En effet, après 4-5 sauts et toboggans dans un encaissement magnifique on arrive au dernier rappel de 50 m. A cet instant, vous entrez en ébullition. Une cathédrale, voilà la première impression qui traverse votre esprit Les yeux se lèvent vers les cieux et suivent les piliers de calcaire qui se projettent vers la voûte bleue, si haut et si prés, que l’on croit retrouver les arcades d’une église gothique ! Mais deux problèmes se posent avant d’apprécier cette ambiance : l’eau et les difficultés d’accès. Le canyon s’assèche vite et coule après les pluies ou au début du printemps. De plus, l’accès par le haut se réalise en suivant une piste accessible par Roquetes ouverte uniquement entre le 1er octobre et le 1er décembre. Dans les autres cas, il faudra passer par le nord du massif, marcher plus de 2 h à l’aller et plus d’une heure au retour, pour 2 heures maximum de canyon. Certes la randonnée est belle, mais peu de canyonistes gouttent à toutes les joies de cette activité.

PenyagaleraNous voilà en conséquence du côté de Beiceite. Avant Regatxol vous croiserez Penyagalera (3/4). L’ambiance change radicalement. Des falaises de conglomérat s’élèvent vers le ciel, en des tours rondes, aux surplombs orangés. L’atmosphère de Penyagalera s’impose par son caractère marqué. De partout les blocs ressortent, à l’allure instable, grêlant les faces en une infinité de verrues. QueixigarMais lorsqu’entre deux murs, se dégage au loin une aiguille, alors qu’en dessous s’enchaînent les vasques au vert séduisant, vous ne regretterez pas votre marche d’approche (1h30) et la première partie peu esthétique. Vous vous arrêterez pour quelques photos, afin de mieux immortaliser les vautours qui tournent au-dessus de votre tête. Bien entendu, il faut découvrir ce passage au début du printemps afin que le débit soit suffisant et offre quelques vasques ludiques. Mais, le plaisir n’est pas fini. Si vous êtes resté froid au passage médian, après un couloir étroit, le canyon s’effondre de 60 m dans un demi-cylindre à l’ambiance irréelle. En contre champ un cirque rocheux envoûtant impose sa muraille infranchissable.

Intrigué par cette roche, profitez pour retourner du côté de Horta de sant Joan. En effet, pour couronner le séjour n’oubliez pas En Piqué (2,8/4). Très court, trop court, mais avec une marche d’approche courte, vous découvrirez un petit canyon ludique. On peut regretter l’interdiction de la cascade du salt de Ventador qui permettait de diversifier les plaisirs.

Pour finir, renseignez-vous bien sur la législation. La plupart des canyons nécessitent une autorisation. De même Penyagalera est interdit, mais les décrets lois n’ont jamais été publiés ce qui empêche de consulter la législation exacte. Sur ces entrefaits vous pouvez continuer votre route vers l’Andalousie, ou remonter vers le secteur de Montserrat, bien que nous ayons préféré passer par Lleida et découvrir l’original et esthétique encaissement de Queixigar.

Photos de Fabien Mullet

 



Retour au sommaire Vulcano : Randonnée, Volcan, Canyon

21.2 km², 499 m de hauteur, 720 habitants, des caractéristiques bien modestes pour une île aux paysages variées et irréels. En effet, je parle de Vulcano non pas pour son canyon aux cascades endiablées avec de profondes vasques ludiques mais à ses payages et son étroit unique. Creusé dans les dépôts pyroclastiques du volcan vous pourrez par la même occasion découvrir un cratère en activité avec ses fumerolles sulfurées à la vue imprenable sur les îles éoliennes.

VulcanoAprès la marche on peut se délasser dans les bains de boue qui se trouvent à 2 mn du port (Sur ça droite). Dans une ambiance, irréelle au milieu des rejets de gaz puants l’œuf pourri ont peut se baigner dans cette mare blanchâtre aux vertus curatives (Ne restez pas plus de 10-15 mn et ne vous mettez pas de la boue dans les yeux).

La fiche qui suit propose donc une randonnée de plus de 4 h ou vous pourrez parcourir ce rio tout en découvrant le cratère par le meilleur angle de vue. L’Intérêt/beauté ne vaut que pour l’étroit que nous proposons de parcourir en aller/retour.

Accès aval/approche : Pour accéder à l’île de Vulcano il faut se garer à Milazzo au nord de Messine et prendre un Alicafi ou un ferry. Le premier est plus rapide, mais plus cher. Plusieurs compagnies assurent toute l’année les rotations : Siremar, Ustica, … . Du port d’arrivée (Porto Levante) prenez à gauche la première rue. Elle est rectiligne est mène en 15 mn au départ de la piste pour accéder au grand cratère (vieux panneau sentiero per il cratere). Continuez sur la piste quasi horizontale qui longe au début la route. Elle suit petit à petit une ravine qui dépasse des stations d’étude scientifique. La piste sort de la ravine et atteint un large col (30 mn depuis la route). Soyez attentif. Dans un virage vers la gauche il faut prendre à droite un sentier peu visible avec deux cairns. Si vous atteignez la petite station scientifique c’est que vous êtes allés trop loin. La trace suit le haut de la ravine. Et à travers les buissons on atteint le fond du rio Grande.

Descente : Le départ est une marche en fond de rivière. Mais la gorge s’encaisse petit à petit formant un très beau est original étroit. Observez en particulier les couches des dépôts résultat des différentes éruptions volcaniques. Ce n’est qu’à la fin qu’une vraie cascade se forme. On trouve de vieux équipements dans la roche volcanique. Il faut donc bien les vérifier voire les changer en raison du support. Le 2ème rappel mène à la mer.

Sortie : Plusieurs retours existent. Nous proposons de remonter le canyon et de gravir le volcan. Reprenez la piste vers l’installation scientifique. On peut de là rejoindre le grand cratère en grimpant ses flancs dans la grande coulée noire. Continuez la piste qui se perd dans le sable. Une sente peu visible dans les buissons bas part à droite. L’objectif est d’atteindre la grande trace sombre. Il faut pour cela passer des ravines creusées dans le sable. On peut les traverser par le bas dans les buissons, ou par le haut à la limite entre la glaise marron et le sable noir. Il n’y a pas de traces (Sanglier grade I/II). La remontée du sablier se fait ensuite assez facilement vers la crête dont on atteint le sommet par la gauche (1 h depuis la station scientifique). De ce perchoir on voit bien les fumerolles et les chemins touristiques. Au loin au milieu d’une eau limpide aux profonds reflets bleus émerge l’archipel avec Lipari, Salina et ses deux cônes jumeaux aux formes parfaites, à gauche Filicudi et à droite Panarea voire encore plus loin le terrifiant Stromboli. Descendez vers les fumerolles. Ne respirez pas les émanations soufrées et n’oubliez pas que le gaz sort brûlant de la croûte de lave. On trouve sans difficulté le chemin de descente au point le plus bas du cratère (45 mn pour atteindre le port). Comptez 4h15 à 5h30 pour le circuit intégral.

On peut aussi donner rendez vous à une barque voire prendre un bateau gonflable pour rejoindre le port. D’après les italiens les émanations sous marines de gaz dans l’eau sont un spectacle de grande qualité. Le retour à la nage semble plus compliqué. Nous n’avons pas testé cette sortie par la mer.

 



Retour au sommaire Evolution du vêtement étanche Vade Retro

Une nouvelle modification a été apportée au vêtement étanche de Vade Retro. Nous avons demandé d’ajouter en latex le pied intégral. Nous gardons ensuite les chaussures classiques. Force est de constater qu’enfin nous n’avons plus AUCUN problème de froid aux pieds. Pour nous, c’est « l’arme ultime ».

Le nouveau vêtement étanche a été testé en Suisse, sous le mauvais temps avec une température moyenne extérieure de 4° et une température moyenne dans l’eau entre 4 et 7°. Nous avons réalisé de nombreuses désescalades dans les blocs + passage de nombreux troncs.

A présent, le vêtement de Vade Retro avec le pied en latex intégral est bien meilleur que la combinaison néoprène simple ou double dans les descentes hivernales peu et semi aquatiques. Son avantage est identique à la néoprène dans les descentes très aquatiques (Exemple Turnigla).

Il faut bien sûr faire attention à ne pas percer le latex lorsqu’on l’enfile. Mais le soin à apporter est simple (une toile au sol) et le latex est solide 2 mm. Bien sêr il reste le problème du prix mais cela est une autre question.

Au final, la progression et le confort sont meilleurs. C’est plus pratique pour utiliser le perfo, escalader ou équiper les relais, les mouvements étant peu gênés.

 



Retour au sommaire La Suisse centrale : une bonne surprise de l’été !

Ce n’était qu’un nom sur le GPS : Klöntal. Depuis 15 jours nous tournions en Autriche et dans les pays environnants sans rien trouver de formidable hormis Rudach prés de Dornbirn. Nous rentrions plutôt, mais sur la route, en regardant la carte de Suisse, nous vîmes qu’il y avait du côté de Glaris et des Grisons des parcours intéressants. Nous étions sans illusion sur cette région, souvent échaudé par des canyons au débit impraticable l’été ou à la beauté très relative.

Certes, la veille nous avions fait Chilentobel (2,8/4). Wolgang Streicher en Allemagne nous l’avait conseillé d’un long : chunnnnnnnnn canyon. Et c’est vrai que nous avions parcouru tout euphorique le canyon d’initiation le plus beau de Suisse selon notre goût. Dans un encaissement profond devenu blanc, s’enchaînait un nombre incroyable de petits sauts et toboggans. Un vrai régal de fin de journée.

Chilentobel Chilentobel

Mais là, nous étions de nouveau au centre de la Suisse dans un microscopique canton enclavé, celui de Glaris. Nous allions sûrement perdre une journée pour rien. Une de plus. La route était raide et tortueuse et le GPS annonçait encore 5 km. D’un coup, nous sommes en vue du lac de Klöntal. Et là, nous nous arrêtons ébahis. L’ambiance est envoûtante. En face de nous une muraille de roche s’élève droite vers le ciel et elle se reflète dans un lac aux formes douces. Les sommets dominés par d’énormes cumulus bourgeonnent rapidement. L’ambiance, ténébreuse, sombre, contraste avec le lac qui rayonne d’un bleu turquoise. Inquiet on se ressaisit vite, juste le temps pour avoir de nouveau l’eau à la bouche. Au milieu des paliers rocheux, de profonds sillons aux cascades impressionnantes se dessinent. Tel à Gavarnie, la montagne forme des strates en arc de cercles, avec des névés ou glaciers sommitaux qui alimentent une série de cascades entre 100 à 200 m de hauts. Mais l’originalité du lieu c’est que ces canyons sont encaissés et ne se limitent pas à un seul obstacle. On découvre un terrain d’aventure réservé aux amoureux des grandes verticales (Voir carte).  Nous repérons 6 canyons à grandes verticales dont 3 intéressants.

Santishur Prés du barrage, on trouve le canyon avec le plus gros débit. Il est alimenté par le glacier de Glärnisch. Le Tscholboden (Les noms sont en fonction des lieux dits où des sommets) se descend à l’automne. Il y a deux parties. La haute est plus encaissée. On peut y accéder facilement en continuant la route après le barrage et en suivant un chemin bien visible sur la carte.

Le Darli à côté n’a qu’une simple grande cascade finale.

Le Denkmal et le Bärentritt sont des cascades/falaises quasi inaccessibles. Le Bärenttrit est complètement sec dès la fonte des névés.

Le Dunggellaui fait parti des parcours intéressants. Le haut est encaissé et la fin forme une grande cascade ouverte. A faible débit l’été, des névés semblent coincés à son départ.

Le Tristli offre la plus belle cascade  finale, avec au moins 150 m. Elle se dégage de la paroi dans un beau cirque. L’ambiance nous rappelle celle de Pisson ou du Ruzand. Le départ est lui aussi encaissé et le débit est correct dès la deuxième moitié de juillet. A première vue, il doit être possible d’y accéder en partant du camping.

A côté le Lijis est à sec et sans belles formes. Au-dessus du camping il n’y qu’un couloir à avalanche.

sulzbachsulzbachsulzbach

Mais au bout du lac une autre surprise nous attend. On s’arrête devant le Sulzbach (3,2/4) dont on voit bien les dernières cascades. Nous n’avons aucune information hormis un nom sur la liste du site Schkuchtour. Nous nous procurons la carte et nous voyons que l’accès est assez facile. Mais pour trouver quoi derrière ? Le lendemain on réalise la marche d’approche et les choses commencent mal ! Nous ne trouvons aucun relais au départ. Après avoir évité ce qui peut l’être, on arrive à la première cascade infranchissable et toujours rien. Nous commençons à nous inquiéter. Que fait-on, demi-tour, on tente un va tout, quelle quantité de matériel d’équipement aura-t-on besoin ? On voit RG une échappatoire possible. On décide de descendre cette cascade qui forme un fil d’araignée au milieu de deux jolis jets. Mais, à l’obstacle suivant toujours rien. On progresse encore un peu et là enfin on trouve le premier point. Et quel plaisir ensuite Le canyon offre 15 cascades entre 20 et 70 m avec toutes les formes possibles. Que ce soit surplombantes en fil d’araignée, arrosées, encaissées, en goulotte… nous avons tous les type, et tout cela avant le final grandiose qui au soleil offre de belles verticales bien sculptées avec vue sur le lac et la vallée. Un bon moment accessible dès l’été mais à l’équipement à revoir.

Carte Klontal Sulzbach Sulzbach (détail) Bärentritt Bärentritt (détail) Tristli (détail) Dunggellaui (détail)Dunggellaui Denkmal (détail) Denkmal Darli (détail) Tscholboden (détail) Tscholboden Darli

Ragaillardi nous commençons à prendre en considération la liste du site Schluchtour. Peut-être qu’un secteur au potentiel inconnu existe ? On voit que Fuchbach (3,1 à 3,3/4) juste à côté a lui aussi 4 étoiles. Le soir même on découvre les belles cascades finales avec un encaissement fort au-dessus. On patiente 24 heure pour laisser passer l’orage  et le lendemain, le soleil est au rendez vous. Au final, on descend l’équivalent du ravin des Enfers des Alpes de haute Provence. Dès le départ on est happé au fond de la montagne par un premier rappel de 60 même dans un encaissement profond. Ensuite, les cascades s’enchaînent sans discontinuer, toujours dans des étroitures aux formes arrondies. Nous sommes assez interloqué de nos découvertes. Ces canyons sont équipés, tous dans le même état d’esprit. Ils semblent avoir été découvert depuis plus de 10 ans et pourtant le topo du CAS sur la Suisse n’en parle pas. Comment cela se fait-il ? Surtout qu’ils sont en bonnes conditions l’été.

FuchbachFuchbachFuchbachFuchbach

On décide d’être encore plus ambitieux. Et pourquoi pas Turnigla (3,8–4/4) ? Jusqu’à présent dans le secteur on ne connaissait que Zanaibach. Mais son débit nous a toujours empêché la descente. Arrivé devant Turnigla, nous avons notre plus grande surprise. Il est unique en son genre. Dès la deuxième cascades, les sauts s’enchaînent, naturels, sans frein. L’euphorie s’empare des esprits. Le cœur bat à son maximum. Les phrases ne sont plus que des logorrhées : magnifique, exceptionnel, incroyable. Le plus dur reste de conserver sa concentration. L’encaissement est merveilleusement sculpté dans un calcaire grisâtre totalement lisse. Les vasques profondes, bien que parfois piégeuses, d’un bleu turquoise unique, offre un rêve continu. Le soleil se faufile dans l’encaissement laissant scintiller de milles reflets les formes sensuelles. Les cascades arrondies se parcourent dans un éclat d’eau qui tutoie notre sourire qui est resté coincé sur nos lèvres toute la descente.

TurniglaTurniglaTurniglaTurnigla Turnigla

Mais l’ensemble reste technique, on doit sortir le perforateur pour percer deux trous afin d’installer deux déviations. Il faut éviter une vasque bouchée par le jet dans un fort étroit. Arrivé à la prise d’eau on en rajoute un autre pour passer loin de la grille. Le bonheur continue ainsi jusqu’au bout. Dans la dernière partie, les cascades devenues plus hautes sont creusées dans de profonds encaissements. Risés de résurgences, elles accompagnent nos pas d’un rideau de gouttes. Bien que ce canyon soit déjà équipé voire très bien pour le bas, nous avons eu la même émotion que si nous en avions fait la première. Quelques heures avant, ce n’était encore qu’un simple rond sur une carte imprécise. Le débat s’enflamme pour savoir si c’est le plus beau ou pas d’Europe. Mais le mystère persiste. Pourquoi personne n’est au courant ? Pourquoi seul des canyons impraticables ou secondaires sont-ils décrits.

Santishur Enhardi par tant de succès on se présente deux jours plus tard devant Zanaibach, au débit jusqu’ici redoutable. Le débit est le plus bas que ce que j’avais pu voir en 3 ans. Le lendemain nous gravissons son chemin d’approche. On ne voit pas le fond si ce n’est le bruit inquiétant des cascades. L’encaissement est impressionnant, profond et aussi bien sculpté que Turnigla. Malheureusement arrivé au pont en bois qui le surplombe on trouve qu’il y a encore trop de débit pour un canyon que l’on ne connaît pas. Ce sera pour une autre fois. Il nous arrive une aventure identique devant Schilstobel. Son rocher rouge proche de la Pélite est saisissant. Mais durant la nuit, il a plu et le canyon est en crue. Tout cela forme des objectifs pour le mois de novembre d’autant plus que l’on a trouvé un canyon glaciaire qui semble prometteur : Santishur. Les cascades finales sont impressionnantes et le haut semble ludique dans un bel encaissement.

En conclusion, on croît toujours trouver le bonheur toujours plus loin. Cet année il se trouvait à 1h30 du Tessin et 2h de Genève.

 



Retour au sommaire Le Montenegro, spot canyon des Balkans ?

Merci aux personnes qui ont participé à l'expédition : Bruno Izard, les acqualemon Jerome roux, Gerard Baupin et Nicolas Mayet.

Monténégro - Tu crois qu’il respire encore ?
- Oh, Caracal réveille toi !
- Areu schgreumeule
- Qu’est ce qui dit ?
- Je crois qu’il dit, Areu sckreumeubleu, enfin à quelques nuances prés.
- Ca veut dire quoi ?
- Ben, ça je ne sais pas ! Il faudrait qu’il soit plus clair.

Le groupe reste dubitatif devant la scène. Caracal, à peine sorti de l’encaissement, s’est effondré à la renverse, le sac toujours accroché aux épaules.

- Qu’est ce qui se passe ?
- Tout allé bien, il était tout content de sa découverte tout juste arrivé dans le collecteur, il s’est affalé. Depuis, il ne bouge plus et il s’exprime par grognements.
- Il a fait un malaise.
- A priori non, il a bu un coca il y a 15 minutes.
- Après nous avoir cassé les pieds pendant deux jours pour ce canyon, il exagère. Il y a encore 5 mn il était tout euphorique d’avoir découvert une nouvelle belle descente sans aucune indication. Comédien, va !
- On ne comprend pas ce qui lui arrive.
- Chut, chut, il parle.

Silence

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- J’en ai marre du canyon !

Et oui, la prospection en canyon est un sport stressant, demandant persistance et ténacité. Depuis quelques jours, le convoi de canyons-mobiles sillonne les Balkans sous le regard médusé des locaux. Après 8 h de route sans succès en Albanie, les voilà à explorer une gorge dont la seule information qu’ils possèdent est un rond sur une carte des années 40. Le parcours avait mal commencé. Malgré un bon calcaire massif et dur, une eau fraîche et généreuse, abondante malgré l’été, le canyon n’offrait que de petits étroits avec des blocs sans fins. Et pourtant, par surprise, lorsque personne ne s’y attend, un bel étroit se dessine aux profondes vasques. Avec régularité, les cascades d’une dizaine de mètres s’enchaînent. De nombreux sauts impressionnants sont possibles bien que la plupart des réceptions soient techniques (Blocs, vasques étroites, avancées rocheuses).

Albanie Albanie Albanie
Albanie

Cette aventure est révélatrice du potentiel du Monténégro. On s’engage sans savoir où on va, au bon vouloir de la nature et on trouve parfois de belles descentes.

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C’est pourquoi nous vous invitons à réaliser le tour du Monténégro en canyons. Après avoir pris son bateau à Ancône vers Split, on peut s’arrêter sur la route à la Cetina (2,5/4). Ce canyon est une curiosité géologique étrange. Ce fleuve né quelques kilomètres au-dessus d’une puissante résurgence, a au mieux un débit de 500 l/s. Pourtant il se parcoure avec peu de difficultés si on connaît les itinéraires. Du bas on remonte un véritable lac. On a juste le temps de sortir RG que l’on découvre une grande piscine suspendue qui domine une vasque siphonnante ensorcelante. Malgré le débit impressionnant tout le flux disparaît dans cette bouche béante alimentant le mini lac d’une eau d’un calme plat. Plus haut les festivités ne sont pas terminées. La cascade de Cubavica  se jette en deux fois, par un saut de 35 m puis de 8 m dans de profondes vasques. On peut les contourner en remontant un éboulis et en suivant des tunnels (lampes électriques obligatoires). La descente par l’amont est déconseillée du fait des risques liés aux erreurs d’itinéraires.

Vous continuez votre route vers le sud. Attirez par le bleu azur des plages vous vous arrêtez à Dubrovnik. D’ailleurs, vous vous contentez de manger une simple glace vue le coût des restaurants et vous appréciez l’architecture vénitienne unique de cette ville. Mais la destination qui nous intéresse le plus est un autre comptoir vénitien, Kotor. Cette ville forteresse collée à la montagne au fond d’un fjord unique en méditerranée a un canyon qui arrive directement dans la ville. Sa partie finale offre un superbe encaissement. Les concrétions de Skurda (2,4/4 sans eau) feront pâlir tout bon grimpeur.

Skudra Skudra Skudra Skudra Skudra Skudra Skudra
Skudra

Toutefois, cette halte balnéaire n’est qu’une étape vers le principal objectif : le Névidio. A l’origine nous avions une simple flèche sur une de nos cartes imprécises. De loin, il est à l’image de ce que l’on trouvera partout au Monténégro. Une rivière a creusé une profonde gorge dans le socle rocheux. Alors que les autres rivières sont trop larges et sont le paradis du rafting, dans ce cas un encaissement, récompense du canyonistes baroudeur existe. Dans une ambiance quasi-obscure les vasques et les petites cascades se suivent. Cette descente est la plus connue du pays.

Mais le secteur a une autre surprise. On nous parlait uniquement du Névidio. Pourtant à peine garé, au parking amont, on découvre une belle cascade de 60 m à sec l’été. La Grabovica est le royaume des arcs de roche. A chaque encaissement, la descente en offre plusieurs avec de belles vasques ludiques.

Durmitor Après cette première halte, vous avez lu dans vos guides touristiques que le plateau du Durmitor était une étape incontournable au Monténégro. C’est tout à fait juste. A plus de 1400 m d’altitude l’horizon s’étale à l’infini en de petits bombés verts vifs en début de saison. Tous vos repères seront d’un coup brouillés. Oubliez vos références européennes, vous êtes en Mongolie sur le plateau tibétain. Cet espace ou seul le ciel clôt le point de vu, est parsemé de simples petits toits triangulaires qui accentue la profondeur du cadre. Vous vous arrêterez subjugué devant ces modestes maisons constituées d’une seule pièce protégée du froid et de la neige. Face à un lac, perdu dans cette immensité, vous passerez un moment de répit à comprendre l’architecture de cette petite grange de bois abandonné. Au fond, à plus de 2400 m, le Durmitor domine cette onde rocheuse. Au milieu de l’été, on voit encore les névés glaciaires sous son sommet arrondis. Juste le temps d’en faire le tour que l’on s’arrête au lac noir (Jezero Crna). Là l’ambiance est plus sombre, mystérieuse, envoûtante, terre de légende où les bêtes sauvages, les sylves et les trolls doivent se cacher.

Lac de Shkoder Tout juste remis de vos émotions de trappeurs vous décidez de pousser vers la Tara. Accrochez à la balustrade du viaduc, vous regardez 150 m plus bas les eaux tumultueuses de la Tara. Cette Gorge est une dès plus longue d’Europe et elle est particulièrement appréciée pour le rafting. Peut-être aurez vous la chance de voir passer sur un radeau fait de troncs sommairement reliés un monténégrin transportant son chargement. Guidé par un gouvernail rudimentaire pendant que son acolyte maintien l’ensemble loin du bord, vous les observerez passer les rapides.

Pour mieux découvrir les gorges, Suhodo s’offre à vous (je sais je ne l’ai pas fait ;-) ). La rivière faiblement alimentée, court en nombreuses cascades jusqu’au fond des gorges, dans de nombreux passages étroits.

Vous continuerez ensuite votre route dans les Gorges de la Moraca. Comme nous peut-être, juste après le monastère du même nom avec des fresques aux couleurs vives, vous verrez au bord de la route l’encaissement du Bogutovski Potok. Du pont on admire facilement la belle C27 qui se jette dans la rivière. A l’origine, il nous a fallu 2 jours pour le découvrir en entier et trouver les accès. Nous avions fait une première remontée, habillé jusqu’à l’encaissement de Tuf. Puis en combinaison néoprène on a escaladé les cascade dont celle de 12 m jusqu’au semi-oscuros. Ensuite, le lendemain, nous avons recherché à tâtons un accès en voiture vers l’amont. Par chance, une route surplombe le canyon, mais il nous faut tout de même descendre dans un sous-bois dense et fastidieux. Mais l’effort vaut la chandelle. Après une première partie sèche et commune, la fin alimentée par une résurgence, offre un encaissement impressionnant. Les biefs sont ludiques dans un tuf profondément creusé. La dernière cascade en fil d’araignée est le couronnement, juste avant les eaux limpides de la Moraca.

Bogutovski Bogutovski Bogutovski Bogutovski
Bogutovski

Et nous arrivons à notre grande aventure. Ayant trouvé au ministère de la défense de Serbie les carte au 50 000ème du secteur, nous avions entouré d’un simple rond un affluent du Mala Rijeka, le Nožica (2,9/4). C’est dans le doute le plus complet que nous nous engageons. Animé du simple espoir de trouver un nouveau grand canyon, angoissé par l’idée de faire 3 heures de marche dans un fond de rivière sans fard. Nous partons porté par nos illusions. D’ailleurs, tout est fait pour nous inquiéter. La première heure n’est ponctuée que de quelques resserrements aux biefs même pas ludiques. Nous pensons même sortir au premier affluent sec. Mais d’un coup, sur un des nombreux blocs qui parsème le fond du lit, 8 m plus bas, une vasque profonde nous tend les bras. Un puissant encaissement se forme, lisse, aux multiples couleurs. Et pendant 2h30 le spectacle continue. Malgré leurs technicités les sauts sont légions, et l’apothéose arrive au dernier encaissement, blanc, virginal, sans défaut, aux vasques encore plus grandes et plus profondes que précédemment. La C13 dans un cirque rocheux vous rappellera un instant la grande vasque de la C15 de Bodengo. Mais, de telles joies, si rares, ne peuvent s’extraire pleinement des contraintes du pays. En effet, le retour est fastidieux. La disparition des antiques sentes nous oblige à remonter pendant 2 h un des affluents du Nožica.

Mais le voyage n’est pas terminé. Vous décidez de visiter Podgorica. Vous découvrez ce vaste plateau cultivé de riches vergers. Pourtant dans cet espace improbable, là, se trouve un canyon original. La Cijevna (1,5/4), dans le conglomérat, a creusé un encaissement dont la largeur est inférieure à un mètre. Cette étrange baignade, dans une eau bleu turquoise limpide, offre de beaux passages ludiques. Le tout se termine au restaurant dans un mini lac au-dessus d’une cascade artificielle appelée pompeusement Niagara.

Cijevna Cijevna Cijevna Cijevna Cijevna
Cijevna

StariLa route continue vers le sud. A Bar vous découvrirez ses plages et son originale forteresse à Stari Bar. Bonne idée d’ailleurs, puisque sur le haut existe un canyon idéal pour l’initiation, le Rikavac (2/4). Dans un encaissement court et bien marqué, il y a quatre cascades particulièrement ludiques. On continue par une petite randonnée aquatique ponctuée elle aussi de vasques.

Arrivez sur la plus grande plage d’Europe longue de 14 km, arrêté par la frontière albanaise, vous vous demanderez que faire. Faut-il passer le fleuve et continuer sa route vers cette terre inconnue ? Ses montagnes sont légendaires et les peurs encore tenaces. Nous avons poussé plus loin la route. Après 3 heures de voitures sur une nationale cahotante, nous sommes arrivés à Kukes. Au loin, la montagne est coupée en deux. Plus nous nous rapprochons plus l’encaissement se dessine. Mais au final, rien, un étroit mais pas d’obstacles. Mais en revanche nous avons le plaisir de découvrir une société qui s’ouvre tout juste à l’occident. Malgré le retard de développement et la pauvreté, les traditions et les hommes sont variés, riches de leur culture.

A présent, il ne nous reste plus qu’à descendre à Durrës, principal port de l’Albanie. De là un bateau va directement à Bari et après avoir traversé l’Italie on peut prendre la ligne Rome-Toulon. Ce termine ainsi, le tour du Monténégro. Secteur le plus riche en canyons des Balkans, pays aux souvenirs intenses et aux images impérissables.

Nozica Nozica Nozica
Nozica
 



Retour au sommaire La Calabre terre des paradoxes

Vade RetroOn vous dit Calabre et canyon, vous vous retenez de rire. Vous vous reprenez et les images se bousculent dans votre tête. Canyon ou plutôt bouses à sec ! Personne n’en parle, personne ne connaît, c’est donc qu’il n’y a rien ! Si on veut aller se faire rôtir au soleil, dans un paysage semi-désertique, peut-être que ce pays prend de l’intérêt, mais là nous parlons de sport sérieux. Pour beaucoup, les montagnes existent à peine, recouvertes de buissons épineux sous un soleil de plomb.

Vade RetroEt quand bien même vous y réfléchiriez un instant, aussitôt vous seriez pris de frissons. Vous enverriez aussitôt à l’AIC un mail demandant inquiet : « Peut-on canyoner là bas ? La N’drangheta (la mafia locale) ne risque-t-elle pas de nous racketter voire de nous enlever ? Ne risque-t-on pas de tomber sur des caches ou des dépôts illicites ? »

Dès cette question posée et le ridicule passé, vous commencerez à vous acheminer vers la vérité.Vade Retro En effet, on vous répondra que la N’Drangheta à autre chose à faire que de détrousser des touristes et que quand bien même vous seriez dans un lieu non autorisé on vous l’aurez fait savoir bien avant ! Il faut sortir des clichés et des a priori.

La Calabre ne ressemble en aucun point à la caricature que l’on s’en fait. A la place vous aurez de hautes montagnes dépassant les 2000 m, couvertes d’épaisses forêts de feuillus. Les canyons existent, ludiques, impressionnant, pour les spécialistes, comme les débutants.Vade Retro L’eau est omniprésente, jusqu’au milieu de l’été, posant des problèmes en début de saison. La vie est paisible au milieu des oliviers et des vignes, accueillante pour le touriste qui savent s’arrêter un instant. Vous serez surpris par les mélanges culturels. Albanais dans certains villages, byzantins dans d’autres, surmontés de ruines normandes, un creusé culturel, révélateur de son histoire complexe. Ce monde n’est pas idyllique, les problèmes économiques et politiques sont réels, mais vous en serez bien loin lors de votre passage touristique.

Du fait de la variété de la région, vous pouvez imaginer un itinéraire pendant 7 jours. La meilleure période est entre mi-mai et mi-juin. Avant, les débits d’eau peuvent poser problèmes. Après, la chaleur devient écrasante et les affluents des grands collecteurs s’assèchent. Les deux canyons incontournables sont Sammaro et Grimavolo-Raganello.

Vade Retro Vade Retro Vade Retro
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Vade Retro1er jour : Bateau Toulon-Civitavecchia (arrivée à 12 h 30). Canyon dans le massif de Matese
2ème jour : Grimavolo-Raganello (ou Sammaro)
3ème jour : Cacavo et Nocilli
4ème jour : Mancosa-Barile
5ème jour : Cologniati et visite du massif de La Sila
6ème jour : Ficatorta-Castiglione
7ème jour : Sammaro, bâteau à Civitavecchia à 17 h ou 21 h

Sammaro (3,6/4) est déjà bien connu. Incontournable encaissement dont la pazrtie la plus étroite est longue de 2 km. Elle se termine dans de grandes vasques ludiques jusqu’à la résurgence finale. C’est un des grands parcours européens.

Vade RetroPlus au sud on rencontre l’étrange massif de Pollino. Radeau posé sur le pied de l’Italie. A civita, l’abëresch, peuplé des ancêtres albanais, vous serez saisi par la puissante muraille rocheuse. Au milieu coule le Grimavolo et le Raganello (3,3/4). Le premier, l’affluent aux cascades finement encaissées, le second une des gorges encaissées les plus longues d’Europe. L’idéal est de le descendre lorsque l’eau coule jusqu’en bas sans disparaître à mi-parcours. L’arrivée dans le Raganello est alors grandiose. Le collecteur ensuite est une longue marche aquatique avec quelques beaux resserrements agrémentés de tufs.

Vade RetroMais, le séjour dans cette terre n’est pas terminé. Le Raganello a deux parties très encaissées. Il reste en amont la gole dei Barile (3/4). Cette dernière est plus dense, plus intéressante que l’aval, avec un encaissement plus étroit et avec plus de sauts et de passages impressionnants. Pour éviter une navette qui n’en finit plus il est possible de se garer dans les confins de San Lorenzo de bellizi. En face de ce coup de sabre qui fend en deux la montagne et après avoir dégusté les fromages locaux, un chemin aérien, à la beauté digne du Verdon, vous mènera jusqu’au départ du canyon. Engagé dans le Canale Mancosa (1,8/4) et par plusieurs rappels dont un de 75 m vous atterrirez au départ de la gole. A l’image de son grand frère vous avez mélangé verticales et rando-aquatique.

Vade RetroVous pouvez passer dans le secteur une journée supplémentaire si vous le désirez. Cacavo (2,2/4) vous rappellera vos souvenirs de Tunez et des canyons secs du Verdon. La première 60 m est impressionnante dans son cirque et la 35 m suivante est bien sculptée. Il est possible de sortir au milieu pour éviter la descente du Raganello et une longue navette. Cette sortie est réservée à ceux qui savent lire une sente étroite et peu marquée. Pour vous rafraîchir faîtes ensuite un tour rapide dans le Nocilli, sympathique affluent que vous avez croisé lors de la descente du Raganello avant le Ponte Ilice.

Vade RetroL’ouest du massif de Pollino ne démérite pas. Deux descentes d’intérêt se cachent dans ses vallées étroites : Castiglione et Ficatorta. Toutes les deux ont des caractères totalement opposés. Le premier, sera idéal pour les débutants dégrossis. Court, ludique et impressionnant, dans un calcaire blanc, il possède toutes les qualités pour se rafraîchir facilement et avec plaisir. La dernière cascade offre une gerbe exceptionnelle. Ficatorta est tout le contraire, après un accès hasardeux, on tombe dans une ambiance austère, digne de la Haute Savoie. Les encaissements sont ténébreux, très étroits, sans vasques profondes et au milieu des arbres morts. Il est réservé à ceux qui aiment les beautés sauvages. Autre qualité de ces deux canyons, c’est qu’ils coulent toute l’année. Il faut même les éviter trop tôt dans la saison, en particulier Ficatorta. Les deux canyons peuvent s’enchaîner dans la journée. Merci à Francky Zito qui nous a fait découvrir ces deux descentes.

Vade RetroEnfin, faîtes un tour dans le massif de La Sila, ancien cœur de l’église byzantine d’occident. Ce nom est la contraction du Selva latin et du Hyla grec, signifiant dans les deux cas : la forêt. Et oui, vous êtes loin de l’image de la Calabres à la chaleur étouffante et aux paysages dénudés. Cet ensemble collinéen granitique dans une péninsule principalement calcaire, vous étonnera. Très humide, recouvert de forêt, il donne naissances à de nombreux fleuves. Malheureusement, cette roche se prête peu au canyon. Il n’y a pas de boucliers rocheux robustes à percer. Toutefois, faites un tour dans le Cologniati (2/4) récemment découvert par Michele Angilieri. A une heure de civita, il offre des cascades arrosées et rafraîchissantes, ponctué de quelques sauts.

En sommes, nous voilà dans un secteur contrasté, aux ambiances et à l’intérêt varié mais qui vaut le coup d’œil.

Merci à nos accompagnateurs Calabrais et des Pouilles : Nick, byMoris, …., Roberto, Franco Zito, et Lorenzo Vita

 



Retour au sommaire Compte rendu du test de matériel Vade Retro

Après 4 mois de test du vêtement étanche de Vade Retro voilà le bilan que nous en tirons.

Vade RetroLe vêtement a été testé en Suisse, dans une 10aines de canyons  glaciaires. Il a en particulier été utilisé dans le canyon de Trümmelbach aux conditions extrêmes (-4°). (Voir post Suisse). Il a ensuite été utilisé dans tous les déplacements jusqu’à mi mai.

Vade RetroGlobalement nous sommes satisfaits du vêtement. Il représente une vraie alternative à la double combinaison néoprène. Le point fort est la liberté de mouvement. L’effet « bibendum » disparaît tout en restant bien au chaud lorsque l’on est en dehors des vasques. De plus, le « traumatisme » : « Je dois me foutre à poil dehors sous la pluie à 2° pour mettre la combinaison néoprène» disparaît. Cette combinaison, nous a permis de recanyoner avec plaisir l’hiver lorsque le temps est maussade. En particulier, nous avons pu encaisser sans difficulté 10 jours de mauvais temps d’affiler en Italie. Avec de surcroît une gestion simplifiée des problèmes d’humidité dans la voiture (Pas de combinaison à faire sécher). Le passage de la couette à l’extérieur hostile est mentalement plus facile lorsque l’on sait que l’on n’aura pas besoin de se changer ;-).

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Vade RetroLe point qui actuellement est le plus négatif est les pieds dans les eaux dont la température est inférieure à 4°. En effet, avec la double combinaison néoprène, on a un effet manchon sur les chaussons ce qui isole quasiment les pieds de l’extérieur. Avec le vêtement étanche ce phénomène disparaît, l’eau rentre plus facilement, et on a plus rapidement froid aux pieds. Vade Retro à quelques solutions mais qui dans tous les cas ne résout pas tous les problèmes. On peut utiliser une combi intégrale pour les pieds munie dans certains cas d’une botte. Quoi qu’il en soit, cette petite limite ne nous a pas empêché de canyoner dans des eaux glaciales.

Le Vêtement est constituée de deux couches. La première contre la peau qui est étanche. La seconde couche extérieure qui protège la première. Elle est en Cordura. L’attention à la déchirure, n’est pas supérieure à ce que l’on pratique habituellement avec une combinaison néoprène. De même, chaque année, il faut vérifier les films des coutures étanches du bas du pantalon, Vade Retro assurant le service après vente en les remplaçants.

Enfin, à la différence de ce que l’on croit on peut sauter avec (Saut max. testé : 7 m). Certes, la combinaison est plus pratique dans les canyons verticaux et peu aquatiques. Mais on peut tout de même jouer avec.

 

 

Vêtement étanche Vade Retro

Double combinaison néoprène

Facilité à s’habiller et à se déshabiller.

+

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Faciliter à faire les marches en combinaison

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+
Les marches d’approches en combinaison pose peu de problèmes en particulier sous la pluie. On transpire, mais la gène n’est pas rédhibitoire.

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Faciliter à bouger dans le canyon (atteindre un relais, faire de l’équipement, passer des troncs…)

+

-

Lutte contre le froid hors d’eau

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+

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Il est nécessaire d’avoir une surcombinaison spéléo si on veut que disparaisse l’effet poreux dans les courants d’air

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Lutte contre le froid dans une vasque

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++/-
Tout dépend des vêtements que l’on a. Il faut utiliser le système des 3 couches : Sous-vêtement réchauffants, polaire, pantalon/veste. Pour les canyons très froids la régulation sera idéale si on a une petite combinaison néoprène de 2/3 mm

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+

Protection des pieds au froid

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+/-

+

Facilité à nager

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+/-

+

Récupération de la chaleur après un coup de froid (Exemple après un long séjour dans l’eau ou sous une cascade)

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-

Autre critère étudié :

- Solidité du vêtement : A court terme et à moyen terme, il est résistant. Nous l’avons malmené dans tous les sens. La crevaison de la couche interne est aussi hypothétique que la déchirure de la double combinaison néoprène. On note une usure au niveau des coutures frottant avec la partie extérieure après de nombreux canyons. Vade Retro en fin de saison en assure le SAV.

 



Retour au sommaire Le secteur de Lucca

Secteur de LuccaBon, qu’est ce que je vais bien pouvoir faire ce long week-end de mai ? Bien, bien, bien, plus rien en Sierra, encore moins dans le 06.
Quelle dech’ … Que dit donc le dernier Caracal !
Umh, pas grand chose ici, pas grand chose là, pas trop clair tout ça, mais bon !

Tiens mais qu’est ce que cela : le secteur de Lucca.
Que dit-il : « secteur surprenant qui offrira 3-4 jours de canyons sans se prendre la tête ».
Oups, méfiance, je connais ce genre de remarque et c’est une véritable nébuleuse à bouses qu’il nous pond. Mais bon, les photos semblent sympas…

Le choix du secteur idéal pour quelques jours de vacances est parfois cornélien. On n’a pas envie de faire de longues heures de routes avec un pétrole hors de prix pour une destination sans caractère.

Le secteur de Lucca et les Alpi Apuane n’a pas la prétention de supplanter les grandes régions à canyon. Mais à 3-4 h de Nice s, on peut canyoner sans ennuyer un long week-end du printemps.
Le secteur et bien placé si on compte ensuite prendre le ferries à Livourne pour la Corse et la Sardaigne, ou si l’on veut continuer plus au sud.

Ania (2,7/4) est le premier canyon à visiter. Il est court et le plus original grâce à son profond encaissement aux belles lumières. A la fonte des neiges, ce canyon peut-être impraticable.

Ania Ania Ania

Botri ouest est ensuite une des descentes les plus ancienne du secteur. Sur le haut du val Pelago, il offre deux canyons originaux. Le mieux est le Rio Mariana à l’ouest. Les cascades sont belles et étroites, aux vasques profondes malgré le manque de continuité. (2,6/4). Cette descente est à engager à la fin de la fonte des neiges.

Botri Botri Botri

Pili sera le parcours plus ludique. Malgré une ambiance sombre et peu encaissée, le cours d’eau offre un festival de toboggans et de sauts. On peut le parcourir après une période humide au printemps. (2,4/4)

Pili Pili

Apraia, quant-à lui, propose un des plus bels étroits avec 3 grandes cascades. On peut aussi le descendre après une période humide. (2,4/4)

Apraia Apraia Apraia

Enfin Alberghi est réservée aux amoureux du luxe et de la richesse. Il n’a rien de moins qu’été creusé dans le marbre de Carrare aujourd’hui le plus cher au monde. Les vasques sont d’un bleu turquoise translucide unique. Malheureusement il n’est en eau qu’après des crues violentes et il manque de continuité malgré deux passages de grande beauté. (2,3/4 en eau).

Alberghi Alberghi

Secteur de LuccaBien sur, sur la route d’autres canyons vous attendent. Le long de l’Aveto le canal des glaces, enchaîne une 20aine de rappels dans une roche qui à l’origine se prêtent mal au canyon (2,4/4). Plus prés de l’autoroute, l’encaissement de Poraggine vous étonnera (2,2/4).

En somme, vous avez de quoi remplir vos journées, sans vous ennuyer en particulier pour ceux qui aiment la diversité.

 



Retour au sommaire Trümmelbach

Vue de la première cascade de la passerelle « Et des cataractes pesantes comme les rideaux de cristal, se suspendaient, éblouissantes, à des murailles de métal » ces quelques mots de Baudelaire résume à eux seuls le Trümmelbach.

Dans l'oscuros L’Eiger (3970), l’ogre et sa face nord, lieu de tous les drames et de tous les enjeux; le Jungfrau (4158 m), la jeune fille et ses élégants glaciers; Mönch (4109 m) juste à côté : des montagnes de glaces. Des faces infinies dont les alpinistes les plus chevronnés se sont frottés. Tant de victoires, tant de victimes, mais une histoire mythique écrite par cette volonté de l’homme d’aller plus loin.

18 février 2008, 3000 m plus bas. Nous sommes des nains fasse à cette immensité. La montagne semble paisible, sans risque, ni difficulté. Pourtant sous nos pieds nous attend le Trümmelbach. Même la rivière de ces sommets inaccessibles devait être une légende.

Les paysans de la vallée l’ont appelé ainsi parce les grognements du canyon ressemblaient à des roulements de tambour. Une armée sanguinaire faisait trembler la montagne de ses flots. Le plus étrange c’est que de la de la route on ne voit rien, hormis ce grondement lancinant. Les spécialistes devineront, tout juste perceptible, une entaille.

Dans l oscuros Pourtant…

Il est 10h30 et nous avons terminé de nous équiper. Nos sacs pèsent 25 kl et nous avons tout pour survivre, du perforateur au point chaud. De la passerelle l’eau coule tranquillement 25 m plus bas. L’encaissement est impressionnant, ténébreux, attirant. Nous nous jetons dans ces entrailles, reste d’inconscience ou envie de savoir.

La dernière cascade. Enfin ! L’été cette descente est impossible. Drainant parmi les quatre glaciers les plus impressionnants des Alpes le débit moyen au mois de juillet est de 20 m3/s. On peut admirer ce spectacle depuis les passerelles touristiques. Seul l’hiver le niveau devient raisonnable au milieu des chandelles de glace.

Et quelle descente s’offre à nous. Nous parcourons une succession ininterrompue de 18 cascades entre 10 et 48 m. Les étroits sont parfois inférieurs à 50 cm. La roche est magnifiquement sculptée dans un calcaire noir lisse comme un miroir. 1/3 du canyon est dans l’obscurité la plus totale et quelques biefs se prêtent aux sauts. Cette descente est une des plus belles d’Europe. C’est aussi une des plus extrêmes.

Ambiance Mister Freez. -4°C ! Seul les équipes les plus expérimentées peuvent prétendre à sa conquête. Il faut maîtriser les techniques spécifiques du canyon en glace. Entraînez-vous dans la Meije ou Tré la Tête. Les rappels sont techniques, dans l’actif et avec des troncs. La course est extrêmement physique avec un sac lourd qui ne cessera de s’alourdir avec la glace qui pénètre les cordes. Il faut le maximum de matériel , avec les piolets et les crampons. Il n’y a aucune échappatoire. Il est très difficile de rejoindre les passerelles touristiques. Nous l’avons descendu avec 20 l/s. Mais dès 80 l/s la descente devient impossible avec des risques de coincements forts (Tronc, siphon, étroits…) sans compter que vous parviendrez pas à atteindre l’équipement sur le déversoir des cascades. Avec les 20 l/s que nous avons eu lors de notre descente, la cotation difficulté correspond à un v4, a4, V. Mais elle n’intègre pas les critères : glace, froid et neige. La moindre variation de ces facteurs peut rendre dramatique la descente. Malgré la précision des informations données dans cette fiche, la course, à cette heure, a été trop peu répétée pour avoir le recul suffisant pour valider tous les conseils.

Niveau de la 23m. Vu 3 jours après les passerelles. Il fait +5°C et la glace pilée a fondu ! Accès aval : De la route cantonale reliant Berne, Thun et Lucerne, à Interlaken prenez la bifurcation pour Lauterbrunnen. Passez le village et continuez à remonter la vallée. 2,5 km après le pont de Lauterbrunnen (après un héliport) vous verrez à gauche un grand panneau indiquant les gorges du Trümmelbach. Garez-vous sur le parking.

Approche : Suivez le chemin touristique qui longe la rivière. Passez RG avant les grilles. Commence un GR bien visible taillé dans la roche et interdit l’hiver aux randonneurs. Les crampons peuvent être utiles au début et à la fin de l’accès, si les marches sont glacées. Le chemin monte par de nombreux lacets. Il finit par revenir sur la gauche et surplombe le canyon. La descente commence au niveau de la passerelle.

Et enfin, voilà le niveau d eau au mois de Juillet. Oups ça doit-être dur à passer ! Description : Faîtes un rappel de 23 m de la passerelle. Les cascades continuent dans un superbe encaissement sombre et parfaitement lisse. Après la 4ème cascade, le canyon s’ouvre et laisse place à une courte marche avec un petit toboggan. Au niveau d’un énorme bloc l’ensemble se réencaisse. Il faut passer RG pour trouver le point. On passe ces 3 cascades entre 10 et 14 m afin d’arriver au sommet de la grande cascade de 48 m. Le premier danger consiste à rejoindre le point sans se faire éjecter de la vasque du fait du débit. Ensuite, la cascade est très impressionnante faisant un S dont on ne voit pas la fin si ce n’est une bouche sombre. Enfin par gros débit le jet par un geyser tombe dans l’étroit suivant empêchant de passer.

A présent vous entrez dans la partie la plus impressionnante. Vous descendez 5 cascades dans une obscurité totale. La lampe frontale est obligatoire. Certains accès à l’équipement sont délicats. Bien que la lumière revienne cela ne signifie pas que la descente soit plus facile. Bien au contraire on trouve dans cette section les cascades les plus techniques. Les étroits torturés sont parfois d’une largeur inférieure à 50 cm. Les cascades sont arrosées. La plus complexe est une C28 qui commence par un goulet que l’on croit pouvoir désescalader. Il faut en réalité utiliser le monopoint RG. 10 m plus bas il y a 2 points RG, mais ils sont inaccessibles. L’autre point RD 10 m plus bas est à peine plus facile à atteindre. Après cette dernière difficulté vous sortez de l’encaissement par un joli rappel. Vous pouvez enfin souffler et vous congratuler.

Sortie : reprenez RD le chemin touristique.

 



Retour au sommaire Quoi de neuf à l’est ? la Macédoine !

Quoi de neuf à l’est ? Cette année nous avons décidé d’expérimenter une nouvelle destination : la Macédoine.
Barques La société de spéléologie macédonienne nous attend sur place et nous sommes une fois encore accueilli avec toute l’hospitalité des Balkans. Nous avons plusieurs objectifs, dont un le canyon de Tresone?ki.

Dès le premier jour nous nous rendons dans la vallée de la Radika. Les abords sont escarpés avec une sorte de calcaire vitreux. Ayant, 24 h d’avance sur nos hôtes macédoniens nous décidons de prospecter du côté de Jance. Le torrent est à sec et semble peu intéressant. Mais notre interprète serbe, Sofia, part discuter avec les habitants du village. Tout content que des français s’intéressent à leur région, ils nous apprennent qu’à 5 mn de là, il y a une cascade sublime (Forme littérale). La personne nous amène en voiture directement dans le village en question et nous montre l’accès. Avant de nous jeter dedans nous allons manger un morceau ! Repas d’autant plus pantagruélique que l’on paye maximum 6 € le repas en moyenne.

Cascade Les autres habitants du village nous confirment la chose. Il existe même un programme de développement en collaboration avec une ONG italienne. Nous nous rendons sur le site et la cascade ne démérite pas. Dans une gorge encaissée, elle forme une grotte aux flots tonnants. Mais qu’y a-t-il au-dessus ? Ce canyon se limite-t-il a une seule cascade ou d’autres obstacles intéressants se trouvent au-dessus ?

Rappel Suite aux indications des villageois nous prenons un chemin qui mène en haut du vallon. Le chemin est assez court, mais à 13 h de l’après midi, nous suffoquons. Nous arrivons dans le vallon et tout de suite nous commençons par un rappel. D’autres obstacles suivent, dont certains arrosés voire ludiques. Mais, ne rêvons pas, même s’il y a des obstacles l’esthétique de l’ensemble n’est pas exceptionnelle. Nous avons l’impression d’être en Ardèche.

Cascade Enfin, nous arrivons à la dernière cascade. Sera-t-elle aussi intéressante à descendre que ce qu’elle était à regarder ? Et bien oui ! La cascade passe au milieu d’un énorme bloc coincé. Nous avons installé un relais surplombant qui permet de faire un fil d’araignée de 14 m juste à côté du jet. Emotion garantie.

Fête au villagePour saluer cette première les villageois nous invitent à la fête du village. Au milieu des tambo urs, des flutes et des danses folkloriques nous mangeons quelques spécialités locales.

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Le lendemain, les spéléologues macédoniens nous rejoignent. La descente est d’un autre acabit. Il faut tout d’abord plus de 2 h pour arriver en haut, sous une superbe hêtraie. Le débit est fort et l’eau est glaciale. Les obstacles commencent vite dans une ambiance ouverte. La grande cascade de 30 m est impressionnante au milieu des arcs en ciel. Après une petite marche, les obstacles s’enchaînent de nouveau, en particulier à la fin. Mais malgré tous ces atours, la sculpture des cascades n’est pas toujours exceptionnelle et il n’y a pas un vrai encaissement profond et ténébreux. Mais, c’est tout de même le plus beau parcours rencontré lors de notre périple (2,5/4)

Barques Cascade Le reste du séjour n’est pas aussi rentable. Tout d’abord, il fait chaud et la sécheresse sévit. Les descentes envisagées n’ont pas d’eau. Ensuite, nous manquons de chance et malgré les cartes achetées à Belgrade auprès du ministère de la défense Serbe, nous nous trompons dans les vallées. Les règlements nous aident peu, puisqu’une bande de 10 km autour de la frontière est réservée à l’armée. Espace, où se trouvent les canyons qui nous intéressent.

Mais cela ne fait rien. Nous compensons notre malchance par du tourisme prés des eaux calmes et chaudes du lac Ohrid, tout en profitant de l’accueil et des plats locaux.

Au final, la Macédoine nous a permis de canyoner tout en étant une bonne excuse pour découvrir une fois encore le mode de vie local.

 



Retour au sommaire L'Italie : les nouvelles Alpes !

Camione Rome n'est pas loin. L'Adriatique non plus. La journée est magnifique. En ce jour d'octobre, le grande Corno fait luire ses formes et ses couleurs sur l'horizon d'un bleu azur. L'amphithéatre de roche est strié de névés encore blanc. Vous engagez les premiers rappels dans un encaissement d'un blanc virginal. Au bas d'une cascade 30 m, l'inquiétude vous envahit. Vous êtes bien en Italie, à une latitude équivalente à celle de Barcelona et pourtant devant vous un immense névé s'élève. Vous le contourné facilement, remerciant l'été caniculaire de cette année, mais sa voûte bleutée s'élève très haut vers le ciel. Les rappels reprennent, toujours à proximité de la glace. Mais, d'un coup vos angoisses neigeuses sont remplacées par un autre spectacle. De blanc laiteux, la pierre a pris de magnifiques reflets roses. Vous ne savez plus si c'est vos sens qui vous trahissent ou si c'est le canyon qui recèle de tels atours. Vous ne pouvez pas vous poser la question plus longtemps, puisqu'une dernière cascade de 80 m vient de s'ouvrir sous vos pieds.

Nous sommes bien en Italie centrale, et cette terre recèle de petits trésors mal connus en France. Malgré l'éloignement entre les canyons, leur technicité et des conditions de descentes variables, ce secteur est incontournable pour le canyoniste passionné, en mal de grands paysages et de fortes émotions.

A la différence de ce que nous pouvons penser, les Apennins sont un massif montagneux aux sommets élevés et tortueux. Deux périodes sont conseillées, le printemps pour parcourir les canyons périphériques. Et ensuite l'automne pour découvrir les courses plus " alpines " peut-être au milieu des névés.

Sammaro Au début du printemps, entre Firenze et Rome deux descentes sont les petites sœurs de la Maglia et de Barbaira. Campione (3,4/4 s'il est en eau), lorsqu'il coule au printemps, il offre pendant 3h un encaissement continue avec de belles vasques bleues turquoises. Juste à côté, se situe Bagno tout aussi original avec son pont de roche. Plus au sud ne ratez pas le massif de Matese, avec San Nicola (2,6/4), Peschio Rosso (2,7/4) et Titerno(2.7/4). En campanie, dans les terre de la N'Drangheta découvrez Sammaro (3.4/4) et son ténébreux encaissement avec des vasques ludiques à la fin. L'expédition continue plus au sud vers l'imposant massif de Pollino. Au milieu du village de Civita peuplé d'Albanais vous redécouvrerez vos émotions de la Sierra de Guara. En remontant le long de l'Adriatique arrêtez vous au Salinello (2,5/4). Ce canyon offre quelques beaux passages ludiques. Juste plus haut Presale (2/4) sera idéal pour les débutants. Enfin, si vous aimez les verticales parcourez le Cavalli (3/4 avec de l'eau) en repassant de l'est vers l'ouest.

Au centre des Apennins, le Massif de Sibillini à l'image du massif du Gran Sasso et de Majella vous raviront par leurs immenses alpages, d'un vert vif sur un ciel bleu profond qui montent à plus de 2000m. Malgré les névés, au printemps, vous pourrez parcourir en eau le Fosso Sibillini. A la fin du printemps découvrez Foce (2,8/4), avec sa grande cascade à l'ambiance digne de Male Vesse. Evitez à cette période le massif du Gran Sasso pour rejoindre la Majella. Le torrente Avello (3,8/4) est à notre goût le plus beau canyon d'Italie centrale. Seul, Gole del Soffia (3.9/4) dans les dolomites le concurrence. Après une partie formée d'encaissements épisodiques aux sympathiques cascades toboggans, vous vous engouffrerez dans une entaille qui ne vous lâchera plus pendant 4h. Dans une ambiance obscure, seulement éclairée par la roche d'un blanc absolu, vous passerez petits obstacles, vasques et biefs. Certains sont même ludiques ce qui est rare dans le secteur. Juste à côté, une autre descente a une réputation mythique. Il s'agit de Serviera (3,5/4). Elle nécessite 2 jours de parcours. Mais la descente est malheureusement interdite. Profitez à la place, des randonnées et des pattes De Cecco faîte avec l'eau du canyon. Enjoué par tant de beauté vous repartirez sur Lacerno (2,5/4) dans le Lazio. Moins continu et parsemé d'arbres morts, il offre tout de même quelques beaux encaissements à quelques pas de Rome. Si vous y êtes au printemps faîtes le ludique Santo Padre (2.3/4) aux belles vasques turquoise.

Gole Del Soffia A l'automne, s'offre à vous les descentes les plus techniques des grands massifs. Dans le massif de Sibillini, ne ratez pas torrente Vene (3/4). Bien que son lit est un mouroir à avalanche l'hiver, avec de nombreux débris, le passage de la cascade de 60m vous laissera beaucoup d'émotion. Mais, le massif le plus grandiose est le Gran Sasso. L'infernio (3,5/4) tout d'abord, que vous connaissez déjà. Mais, juste à côté n'oubliez pas Fossasseca(3/4), aux cascades arrosées et très techniques en début de saison.

Avello L'Italie centrale est donc une terre incontournable. Elle est peu connue de France, parfois regardée de haut. Mais, ces parcours offrent des esthétiques uniques avec un haut niveau d'exigence.